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Brexit: Londres et Bruxelles insistent sur l'urgence de trouver un accord

BREXIT: LONDRES ET BRUXELLES INSISTENT SUR L'URGENCE DE TROUVER UN ACCORD

par Gabriela Baczynska et Elizabeth Piper

BRUXELLES/LONDRES (Reuters) - Le Royaume-Uni et l'Union européenne se sont mutuellement adressé lundi une mise en garde sur l'urgence de trouver un accord commercial après le Brexit, effectif au 31 décembre, alors qu'aucune perspective de déblocage des négociations n'est en vue.

A Bruxelles, un diplomate européen de haut rang a indiqué en début de soirée que l'UE lancerait formellement mercredi ou jeudi ses plans d'urgence si aucun accord n'a été trouvé d'ici là.

"Dans toute l'UE, des entreprises et des institutions comme les douanes ont besoin de clarté sur les droits de douanes et autres mesures qui s'imposeront s'il n'y a pas d'accord", a-t-il dit. "Et d'ici le milieu de la semaine, nous aurons finalement atteint le stade où ces mesures devront être explicitées", a-t-il ajouté.

"Nous repoussions ce moment depuis des semaines, mais c'est la limite."

A un mois du départ du Royaume-Uni de l'UE, après 48 ans d'appartenance au bloc communautaire, les deux parties espèrent toujours parvenir à un compromis pour éviter une sortie désordonnée, même si chacune martèle depuis des semaines qu'un "no deal" est préférable à un mauvais accord.

Les discussions qui ont eu lieu au cours du week-end ont été "difficiles" et des "divergences massives" persistent sur les trois points de blocage : la pêche, les règles de concurrence et les mécanismes de règlement des litiges, selon une source européenne à Bruxelles.

A Berlin, Angela Merkel a relevé que plusieurs Etats membres commençaient à perdre patience. La chancelière allemande a également mentionné l'accès des Britanniques au marché européen de l'énergie comme autre dossier qui fâche.

A Londres, le porte-parole du Premier ministre Boris Johnson a fait état de progrès tout en constatant lui aussi la persistance de divergences sur la pêche et l'égalité de traitement économique.

"Nous voulons tenter de parvenir au plus tôt à un accord de libre échange mais nous avons clairement fait savoir que nous ne changerons pas de position dans les négociations", a-t-il dit.

"Nous n'avons vraiment plus beaucoup de temps. C'est une semaine cruciale, il nous faut une avancée", a estimé quant à lui le ministre britannique de l'Environnement, George Eustice, sur Sky News.

"NOUS MANQUONS DE TEMPS"

Un accord commercial permettrait de préserver les échanges entre les deux blocs, qui représentent près de 1.000 milliards de dollars chaque année, ou environ 830 milliards d'euros, et d'éviter le retour d'une frontière physique entre la République d'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord, susceptible d'ébranler l'accord de paix d'avril 1998.

Les discussions entre le négociateur en chef européen Michel Barnier et son homologue britannique David Frost ont repris lundi dans la capitale britannique.

Prié de dire s'il avait des raisons d'être optimiste, Michel Barnier a répondu à des journalistes qu'il avait des raisons d'être "déterminé".

"Nous manquons de temps", a de son côté souligné le chef de la diplomatie irlandaise, Simon Coveney. "La vérité du Brexit est maintenant exposée en termes de défis qu'il représente."

Selon Simon Coveney, un échec sur la question des droits de pêche pourrait compromettre l'ensemble des négociations. "S'il n'y a pas d'accord sur ce point, tout l'ensemble pourrait s'effondrer", a-t-il dit.

La pêche n'a représenté que 0,1% du produit intérieur brut britannique en 2019 mais de nombreux partisans du Brexit y voient un symbole de la reconquête de la souveraineté face à Bruxelles, l'un des principaux arguments des promoteurs de la sortie du Royaume-Uni.

Londres et Bruxelles sont notamment en désaccord sur le mode de calcul du nombre total des prises autorisées dans les eaux britanniques.

(avec Guy Faulconbridge et Kate Holton à Londres, Conor Humphries à Dublin, John Chalmers et Jan Strupczewski à Bruxelles et Thomas Escritt à Berlin; version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Jean-Michel Bélot et Henri-Pierre André)