Brexit: L'Irlande donne deux semaines à Londres pour produire du concret

DUBLIN (Reuters) - Le gouvernement britannique doit soumettre dans les deux semaines des propositions écrites sur la gestion de la frontière entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande après le Brexit sous peine de connaître un été de négociations très incertain, avertit le ministre irlandais des Affaires étrangères Simon Coveney dans une interview au Irish Times publiée samedi.

La frontière sur l'île sera la seule frontière terrestre du Royaume-Uni avec l'Union européenne quand il aura quitté le bloc communautaire le 29 mars 2019. Les deux parties disent vouloir éviter le rétablissement d'une frontière "dure" mais aucune solution pratique n'a pour l'instant vu le jour.

L'UE et Dublin insistent pour que le traité de retrait garantisse une option dite "backstop" qui prévoit une dérogation réglementaire pour l'Irlande du Nord par rapport au reste du Royaume-Uni. Londres et Bruxelles sont d'accord sur le principe, mais pas sur les moyens de le mettre en oeuvre.

"Dans les deux prochaines semaines, il nous faut des propositions écrites. Il nous les faut deux semaines avant le sommet (européen des 28 et 29 juin)", déclare Simon Coveney.

"S'il n'y a pas de progrès sur le backstop, attendons-nous à un été incertain. A ce stade, il nous faut des propositions écrites sur le backstop en accord avec ce qui a été convenu."

Selon ce que propose Bruxelles, au cas où échoueraient tous les efforts destinés à éviter le rétablissement d'une frontière dure, l'Irlande du Nord formera un "espace réglementaire commun" avec l'UE, ce qui maintiendra de facto la province britannique dans une union douanière avec le bloc.

Londres considère cette proposition comme une menace à l'intégrité constitutionnelle du Royaume-Uni.

Le gouvernement a lancé l'idée d'un double statut, à la fois européen et britannique, pour l'Irlande du Nord, ce qui permettrait à la province de commercer librement avec le Royaume-Uni comme l'Union européenne.

L'idée a été rejetée à la fois par Dublin, Bruxelles et par le parti nord-irlandais DUP (Parti unioniste démocratique), qui est favorable au Brexit et soutient au Parlement le gouvernement minoritaire de Theresa May.

(Padraic Halpin; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)