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Brexit: Les Européens et May tuent tout espoir d'accord immédiat

Les chefs d'Etat et de gouvernement européens et Theresa May ont tué dès leur arrivée au Conseil européen mercredi à Bruxelles tout espoir de parvenir dans les prochaines heures à un accord sur le Brexit. /Photo prise le 17 octobre 2018/REUTERS/Toby Melville

BRUXELLES (Reuters) - Les chefs d'Etat et de gouvernement européens et Theresa May ont tué dès leur arrivée au Conseil européen mercredi à Bruxelles tout espoir de parvenir dans les prochaines heures à un accord sur le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Plusieurs dirigeants des Vingt-Sept ont souligné qu'ils comprenaient les contraintes politiques que subissait la Première ministre britannique, qui doit composer avec l'aile dure du Parti conservateur et les députés du Parti unioniste démocratique (DUP) d'Irlande du Nord au sein de sa majorité.

"Il n'y aura pas de percée aujourd'hui", a averti la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite, ajoutant que les Européens aimeraient que la Première ministre britannique ait un mandat solide, ce qui n'est selon elle pas encore le cas.

Si Theresa May savait véritablement ce qu'elle veut, il serait possible de s'entendre sur tout, a-t-elle dit, jugeant que le Royaume-Uni devait se rassembler derrière elle. Il est difficile pour l'Union de négocier avec quelqu'un qui n'est pas totalement soutenu, a ajouté Dalia Grybauskaite.

Un message également porté par le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel.

L'Union européenne, a-t-il dit, est pleinement consciente que Theresa May est dans une situation difficile.

Même si un accord était trouvé à Bruxelles, il n'est pas certain qu'il serait approuvé à Londres, a-t-il ajouté.

"Il y a encore de l'espoir, mais la possibilité existe aussi d'une absence d'accord. Nous continuerons à travailler aussi sur le (scénario du) 'no deal'", a dit Xavier Bettel. "Même si nous avons un accord ici, cela ne veut pas dire que Westminster (ndlr, siège du Parlement britannique) l'acceptera."

"IL Y A URGENCE", INSISTE MACRON

Theresa May a insisté à son arrivée sur les progrès des négociations, tout en confirmant qu'elles bloquaient encore sur la question de la frontière irlandaise.

"Nous avons résolu la plupart des problèmes", a-t-elle déclaré. "En travaillant de façon intensive (...) nous pouvons parvenir à cet accord. Un accord n'est pas seulement dans l'intérêt du Royaume-Uni mais aussi de l'Union européenne."

Emmanuel Macron a dit avoir "à la fois un message de confiance et d’urgence".

"Des progrès ont été réalisés et on voit bien la volonté collective d'avancer, mais nous n'y sommes pas encore et c'est maintenant qu'il faut décider", a dit le président français. "Il y a urgence."

Après l'échec des négociations dimanche, le négociateur européen en chef, Michel Barnier, a répété mercredi que les deux parties allaient travailler "calmement et sérieusement", pour parvenir à un accord "dans les prochaines semaines".

Theresa May s'exprimera devant les dirigeants des Vingt-Sept avant le diner.

Ces derniers débattront ensuite, sans elle, de l'état des négociations. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, présentera à cette occasion les plans de la Commission pour faire face à un éventuel échec des négociations.

Plusieurs formules ont été discutées ces dernières semaines pour tenter de convaincre les Britanniques d'accepter la solution du "backstop", le mécanisme qui doit garantir qu'aucune frontière ne sera érigée entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande.

Londres et les Vingt-Sept veulent éviter une telle frontière, par crainte d'un retour de la violence en Irlande. Mais la solution européenne, qui créerait une sorte de frontière entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni est rejetée par le gouvernement britannique.

L'accord de retrait doit être conclu suffisamment rapidement pour être ratifié par les parlements britannique et européen avant la date fixée pour le départ du Royaume-Uni de l'UE, le 29 mars au soir. Les Européens placent souvent cette limite quelque part au mois de novembre.

(Bureau de Bruxelles, Elizabeth Piper et Jean-Baptiste Vey, avec Henri-Pierre André à Paris)