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Les Vingt-Sept pressent May d'avancer sur la facture du Brexit

par Jean-Baptiste Vey

BRUXELLES (Reuters) - Les vingt-sept chefs d'Etat et de gouvernement européens hors Royaume-Uni ont pressé vendredi Theresa May d'avancer nettement sur la facture du Brexit pour éviter un blocage des négociations.

Fragilisée au sein de son propre parti conservateur, la Première ministre britannique a appelé lors du Conseil européen ses homologues à trouver un accord que chacun pourrait défendre devant son opinion publique.

S'ils ont noté des avancées sur les droits des expatriés et la frontière irlandaise, les Vingt-Sept ont déploré le manque de progrès sur le reste à payer du Royaume Uni à l'Union, troisième volet de la première phase des négociations portant sur les modalités du divorce.

Ils ont en conséquence décidé de ne pas ouvrir, comme les Britanniques l'espéraient un temps, la seconde phase, cruciale pour Londres, sur la transition post-Brexit et les relations futures entre Royaume-Uni et UE après la sortie des Britanniques en mars 2019.

Signe de bonne volonté, ils ont cependant lancé les travaux préparatoires internes, à 27, en vue de cette seconde phase.

Un responsable européen a affirmé qu'il n'avait fallu que 90 secondes aux Vingt-Sept pour adopter leurs conclusions sur le Brexit à la fin de leur réunion, tant il y avait consensus sur le dossier.

MÊME PAS À LA MOITIÉ DU CHEMIN

"Nous sommes aujourd’hui loin du compte sur le plan des engagements financiers", a expliqué aux journalistes le président français, Emmanuel Macron, à l'issue du Conseil.

"Nous n’avons pas aujourd’hui fait la moitié du chemin", a-t-il dit, alors qu'on lui demandait si Theresa May semblait prête à aller au-delà d'une somme de 20 milliards d'euros déjà évoquée.

Les Européens ne communiquent pas précisément sur la facture, qui correspond aux engagements pris par le Royaume-Uni en tant que membre de l'UE. Mais une estimation de 60 milliards est souvent mentionnée.

"Nous avons dans les prochaines semaines encore beaucoup de progrès à accomplir si nous voulons passer à la deuxième phase", a résumé Emmanuel Macron, jugeant que, pour une large part, "c’est dans la main de Theresa May".

A dix-sept mois de la sortie du Royaume-Uni de l'Union, la chancelière allemande, Angela Merkel, a dit l'espoir des Européens de pouvoir lancer la deuxième phase en décembre.

Mais cela dépendra des décisions du Royaume-Uni sur le volet financier, a-t-elle également souligné.

Theresa May a répété, comme lors de son discours de Florence le mois dernier, que le Royaume-Uni honorerait ses engagements financiers, sans donner de nouvelle précision et en laissant entendre que le règlement définitif de ce problème aurait lieu lors de l'accord final sur le Brexit.

"Il faut travailler avec précision ligne par ligne sur ces engagements", a-t-elle déclaré. "Nous les examinons ligne par ligne et nous allons continuer à les examiner ligne par ligne."

Dans son communiqué final, l'UE à 27 relève que, même si le Royaume-Uni a assuré qu'il honorerait ses obligations financières, il n'a donné jusqu'ici "aucun engagement ferme et concret" en ce sens à l'UE.

Les dirigeants européens se sont néanmoins employés pendant tout le Conseil à donner une tonalité positive à cette réunion.

Theresa May a déclaré jeudi soir lors du dîner entre les chefs d'Etat et de gouvernement qu'elle attendait de ses homologues qu'ils l'aident à contrer ses adversaires dans son pays en envoyant un signal sur la poursuite des discussions.

La Première ministre britannique a été également filmée en pleine conversation amicale et animée avec Angela Merkel et Emmanuel Macron, considérés outre-Manche comme des "faucons" dans les négociations.

Mais les responsables européens réclament davantage pour parvenir à un accord en décembre.

"Nous avons certains détails mais nous n'avons pas tous les détails qu'il nous faut", a déclaré le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

(Avec Alastair Macdonald, Noah Barkin, Elizabeth Piper, Gabriela Baczynska et le bureau européen de Reuters, édité par Jean-Stéphane Brosse)