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Brexit: La BoE veut s'assurer que les banques sont prêtes au pire

par David Milliken et Huw Jones

LONDRES (Reuters) - Les banques implantées en Grande-Bretagne doivent prendre les mesures nécessaires pour prévenir tout risque de brusque contraction du crédit au cas où le processus de sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne se déroulerait de manière désordonnée, a dit lundi la Banque d'Angleterre (BoE).

Le Première ministre britannique, Theresa May, qui doit invoquer mercredi l'article 50 du traité de Lisbonne qui enclenchera ce processus, a dit qu'elle était prête à rompre les discussions sur le Brexit si les termes proposés pour un accord sont mauvais. Le gouvernement britannique a dit préparer des mesures d'urgence en vue de ce scénario "peu probable".

Le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, avait déclaré en janvier que le processus du Brexit représentait un risque pour la stabilité financière plus important pour les pays de l'Union européenne dont le financement des activités dépend de la City que pour la Grande-Bretagne elle-même.

A deux jours du déclenchement de l'article 50, la Banque d'Angleterre a demandé aux banques de lui communiquer leur plan d'urgence afin de la rassurer sur leur capacité à faire face à "une série de cas de figure possibles".

"Les risques pour la stabilité financière seront influencés par le degré d'ordonnancement de l'ajustement à la nouvelle relation entre le Royaume-Uni et l'Union européenne", prévient le Comité de politique financière de la Banque d'Angleterre dans son rapport trimestriel.

Carney a dit que la Grande-Bretagne comme le reste de l'Union européenne bénéficieraient d'une période de transition post-Brexit pendant laquelle les banques implantées en Grande-Bretagne pourraient continuer à répondre aux besoins de leurs clients dans le reste de l'Europe dans des conditions comparables à celles qui prévalent actuellement.

De nombreuses banques implantées à Londres craignent de perdre leur accès au marché unique européen à l'issue du processus du Brexit et certaines d'entre elles comme Goldman Sachs ont déjà annoncé qu'elles allaient renforcer leur présence en Europe continentale.

Le Comité de politique financière a demandé aux banques de préciser comment elles s'y prendront pour éviter une interruption soudaine de leurs relations avec leurs clients continentaux après le Brexit, ce qui pourrait aussi nuire à l'économie britannique.

"Un ajustement soudain pourrait perturber l'approvisionnement du marché en liquidités ainsi que les services de banque d'investissement", a dit la BoE.

Des changements à plus long terme du modèle d'affaires des banques après le Brexit ainsi que des structures juridiques plus complexes pourraient affaiblir la solidité du système financier britannique.

TESTS DE RESISTANCE "EXPLORATOIRES"

Le Comité de politique financière a aussi présenté le scénario retenu pour les tests de résistance des principales banques britanniques.

Elles seront soumises pour la première fois à un test "exploratoire" prévu pour se dérouler tous les deux ans sur leur capacité à faire face à des risques latents indépendants du cycle financier habituel. Les tests cycliques portent sur une période de cinq ans alors que leur version "exploratoire" courra sur sept ans.

La Banque d'Angleterre a dit ce mois-ci que les perspectives de l'économie mondiale s'étaient améliorées, en partie du fait des anticipations de marché liées aux baisses d'impôt et à l'assouplissement de la réglementation aux Etats-Unis.

Le président américain Donald Trump a demandé un réexamen de la réglementation bancaire - en grande partie fondée sur des règles internationales - dont il estime qu'elle entrave le financement de l'économie.

Le Comité de politique financière a dit qu'il appliquerait des règles de capitalisation "rigoureuses" et qu'en l'absence d'une coopération systématique de la part des autorités de supervision d'autres pays, il devrait "examiner comment protéger au mieux la solidité du système financier britannique."

Le comité a fixé aux banques un objectif de ratio de fonds propres Tier 1 de 13,5%, contre 15,1% actuellement, qui sera revu en fonction de la mise en oeuvre et des évolutions de la règles internationales.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)