Quand les Bretons étaient jugés « sauvages », « ivrognes » et « arriérés »
Il n'était pas bien vu d'être un Breton en France, sous l'Ancien Régime comme sous la jeune République… Rattaché au royaume depuis François Ier, le grand-duché traîne l'image d'un pays arriéré, lointain, inhospitalier et barbare, rappelle l'historien Joël Cornette dans son nouvel ouvrage, Une brève histoire de l'identité bretonne (éditions Tallandier).
Lui-même d'origine brestoise, cet enfant du pays retrace, avec clarté et gourmandise, la longue histoire chahutée de ce peuple atypique, à la fois fier mais longtemps honteux de ses racines et de ses particularismes, souvent moqués par l'élite.
Aller aux Indes, ou presque
Une mauvaise image qui remonte loin. Depuis le Moyen Âge, il est coutume d'opposer la Bretagne, indépendante et sauvage, au royaume de France, pays fertile et érudit, paré de toutes les vertus, rappelle Joël Cornette.
Dès le XVe siècle, avant même la Renaissance, des farces données à Paris représentent les Bretons tout juste bons à balayer les rues et à nettoyer les fosses d'aisances, sans pouvoir aligner trois mots de français… Sans compter que, pour beaucoup, leur nom rime avec larron.
Deux siècles plus tard, malgré le rattachement à la France, leur réputation est toujours aussi médiocre. Les jésuites en mission considèrent la région quasiment comme une terre indigène, dont le collège de Quimper devient le symbole de l'évangélisation locale. Certains missionnaires évoquent « la misère du peuple breton que rien ne distinguait des barbares, horm [...] Lire la suite