En bref – Payal Kapadia, une réalisatrice à suivre

Une cinéaste surdouée et rebelle

La cinéaste indienne Paypal Kapadia.. Photo  Ranabis Dar
La cinéaste indienne Paypal Kapadia.. Photo Ranabis Dar

“Le nom de Payal Kapadia est désormais synonyme d’excellence cinématographique”, constate The Indian Express. En Inde, le Grand Prix décroché par la cinéaste de 38 ans au dernier Festival de Cannes, pour All We Imagine as Light, a été accueilli avec fierté. Mais le nom de la native de Bombay, fille de l’artiste peintre et vidéaste Nalini Malani, rime aussi avec résistance. Car Payal Kapadia est l’une des figures de la lutte des milieux culturels contre l’idéologie ultraréactionnaire et islamophobe de Narendra Modi, au pouvoir depuis 2014, rappelle le quotidien de Bombay. En 2015, déjà, lors de sa formation à l’Institut indien du cinéma et de la télévision (FTII), à Pune (à 150 kilomètres de la capitale économique), Payal Kapadia avait été sanctionnée pour sa participation à une grève étudiante de cent trente-neuf jours pour dénoncer la nomination à la tête du FTII de l’acteur Gajendra Chauhan, proche de Modi. En 2021, son premier long-métrage, Toute une nuit sans savoir, revenait sur ces événements à travers la correspondance amoureuse d’une étudiante en cinéma ; il avait reçu l’Œil d’or du meilleur documentaire à Cannes.

Un film militant

Dans All We Imagine as Light, Payal Kapadia continue de mettre en scène une Inde différente de celle fantasmée par les ultranationalistes hindous. Ses trois héroïnes luttent, chacune à leur façon, pour leur émancipation malgré le poids des traditions, des classes sociales et des castes. The New Indian Express, un quotidien de Madras, relève que la sororité était, cette année, le fil rouge de plusieurs productions indiennes. Il cite, entre autres exemples, deux films récemment sortis en France : Santosh, de Sandhya Suri, et Girls Will Be Girls, de Shuchi Talati. Mais Payal Kapadia pousse l’audace, dans l’Inde de Modi, jusqu’à imaginer les amours d’une hindoue et d’un musulman – scène pour laquelle elle a fait appel à la coordinatrice d’intimité Naina Bhan, rapporte Outlook India.

Très loin de Bollywood

“On ne peut pas attendre d’un film, à lui tout seul, qu’il change cette idée reçue que tous les films indiens doivent être de ronflantes productions mêlant chant et danse”, reconnaît The Indian Express. Mais il se prend à rêver que le succès cannois d’All We Imagine as Light pousse davantage de cinéastes indiens sur la voie de l’indépendance, loin de Bollywood et de “ses règles de financement rigides”, qui stipulent notamment qu’il faut des stars pour réussir au box-office. Payal Kapadia a fait le choix d’une coproduction étrangère (notamment avec le studio français Petit Chaos) pour “miser sur le contenu de son film plutôt que sur la présence de stars à l’affiche”, argumente le journal. Mais cela pourrait avoir un prix : aucune sortie en salle n’est pour l’instant prévue en Inde.

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