Braun-Pivet, Chassaigne, de Courson... Les candidats pour le poste de président de l'Assemblée nationale
La liste des noms pour briguer le plus haut poste du Palais-Bourbon est tombé. En l'absence de majorité relative dans le nouvel hémicycle, l'élection de la présidence de l'Assemblée nationale, qui a lieu ce jeudi 18 juillet à 15 heures, aura une importance certaine.
Après la démission du gouvernement mardi, les regards se tournent ce jeudi 18 juillet vers la présidence de l'Assemblée nationale: les groupes politiques affinent leur stratégie pour obtenir ce poste prestigieux, un enjeu aussi pour la gauche qui tente de relancer d'urgence ses négociations pour Matignon.
La sortante Yaël Braun-Pivet pour Ensemble, Philippe Juvin pour Les Républicains, Sébastien Chenu pour le RN... Arrivé en tête des législatives anticipées en nombre de sièges, mais sans majorité absolue, le Nouveau Front populaire s'est accordé sur le principe d'une candidature commune. Et c'est le communiste André Chassaigne qui a été choisie.
La tripartition de l'hémicycle entre Nouveau Front populaire, le camp présidentiel et le Rassemblement national, tous éloignés de la majorité absolue, brouille le paysage parlementaire. Et encourage la constitution d'alliances. Le ou la future présidente choisie donnera toutefois le ton sur les chances futures de dégager une majorité, et donc sur celles de voir un gouvernement émerger.
Cette élection incertaine jusqu'au dernier moment est prévue jeudi à partir de 15 heures. L'ensemble des députés, réunis par ordre alphabétique dans l'hémicycle va se prononcer pour la première fois lors d'un vote à bulletin secret à la tribune. Ce premier vote est celui qui lancera la XVIIe législature.
• La présidente sortante, Yaël Braun-Pivet
La députée Ensemble pour la République (ex-Renaissance) a fait savoir qu'elle souhaitait être le choix du camp présidentiel. Présidente de l'hémicycle entre 2022 et 2024 jusqu'à la dissolution, elle espère une réélection avec le soutien de la droite. "Je suis la mieux placée", a-t-elle déclaré sur notre antenne.
Selon des informations du Figaro, la sortante aurait même poussé les discussions jusqu'au RN. La France insoumise n'a pas manqué de relayer cette éventuelle alliance macroniste-RN. "Indignité et déshonneur", a ainsi écrit sur X la députée LFI Clémence Guetté, affirmant que Yaël Braun-Pivet "aurait pactisé" en échange d'un "soutien contre des postes".
L'entourage de la députée dénonce de son côté une "tentative nauséabonde d'une nouvelle polémique" sans "aucun sens". Marine Le Pen a également démenti ces discussions sur BFMTV-RMC mercredi. Mais la gauche n'est pas le seul obstacle pour l'Yvelinoise: plusieurs dans le camp présidentiel ne voient en effet pas d'un bon œil sa réélection.
"Ce n'est pas un bon signal envoyé aux Français. Ça voudrait dire, post-résultats des législatives, 'on ne change rien'", estime un ministre démissonnaire auprès de BFMTV.com.
Face à Yaël Braun-Pivet, le Modem et Horizons ont préféré une candidature autonome pour le premier tour.
• Naïma Moutchou, la candidate de Horizons
Opposé à l'idée d'une primaire évoquée en macronie, les partisans d'Édouard Philippe ont choisi de proposer leur propre candidate. "On a dit non pour une primaire. On ne veut pas de vote préalable au premier tour", a déclaré un ténor du parti Horizons à BFMTV.com.
L'ancienne vice-présidente de l'Assemblée, Naïma Moutchou, aurait "toutes les qualités" pour se présenter jeudi 18 juillet au scrutin, selon lui.
"Elle a également l'expérience nécessaire et l'autorité naturelle indispensable pour gérer une assemblée chaotique", renchérit un autre poids lourd du parti d'Édouard Philippe auprès de BFMTV.com
Lors de la dernière mandature, la parlementaire réélue dans le Val-d'Oise avait créé l'émoi après avoir co-signé avec des RN un texte sur les nuisances aériennes.
• André Chassaigne pour le Nouveau Front populaire
Le NFP a souhaité une candidature unique à la présidence de l'Assemblée. Après plusieurs jours d'attente, le nom d'André Chassaigne a fait consensus. Les quatre partis de gauche se sont mis d'accord sur le nom du président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine ce mercredi 17 juillet, a indiqué l'union de la gauche lors d'un point presse.
Après de longues tractations, le député du Puy-de-Dôme a bénéficié du désistement de la candidate écologiste Cyrielle Chatelain. La fraîchement nommée chef des députés écologistes avait notamment le soutien de Marine Tondelier.
Côté insoumis, le nom de Mathilde Panot circulait également. Les socialistes, eux, avaient évoqué la personnalité de Boris Vallaud.
• Le député LR Philippe Juvin
La secrétaire générale des Républicains, la députée Annie Genevard avait déclaré lundi être en lice. Première vice-présidente de l'Assemblée de 2017 à 2022, elle estimait avoir fait ses preuves. "Tous les groupes politiques l'ont reconnu. J'ai une certaine fermeté qui n'a jamais empêché la parole de s'exprimer librement dans l'hémicycle", a-t-elle confié à France 3 Bourgogne Franche-Comté ce mardi.
À BFMTV.com, un ténor du camp présidentiel, adepte du "ni LFI ni le RN" l'affirme: "Entre un candidat PS qui n'aurait pas renié LFI et une candidature comme celle d'Annie Genevard, le choix est vite fait. Et s'appelle Annie."
Mais finalement, c'est Philippe Juvin qui sera candidat au perchoir pour le groupe LR, rebaptisé La Droite républicaine, a appris BFMTV de sources concordantes. Le député des Hauts-de-Seine avait fait savoir son intérêt pour ce poste. "La priorité des priorités, c'est de faire en sorte que l'Assemblée nationale ne soit pas présidée par quelqu'un qui vient du camp de LFI", a-t-il déclaré le 12 juillet sur RMC. Annie Genevard sera de son côté candidate à une vice-présidence.
• Le centriste Charles de Courson
Réélu de justesse pour un huitième mandat, c'est le plus ancien député de l'hémicycle. Charles de Courson, issu du parti Les Centristes et ancien membre du groupe Liot (Groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires), a annoncé lundi son intérêt pour le poste stratégique.
Lui président de l'Assemblée, il promet d'être le "garant de son bon fonctionnement" dans une "période inédite et chaotique", a-t-il fait savoir dans un communiqué. Passionné de questions budgétaires, le député de la Marne a accédé à une certaine notoriété en s'opposant farouchement à la réforme des retraites en 2023.
• L'ex vice-président, le député RN Sébastien Chenu
Le député RN Sébastien Chenu est candidat à la présidence de l'Assemblée nationale, au moins "au premier tour", a indiqué son groupe mercredi, alors qu'il n'a quasiment aucune chance d'obtenir le poste.
Après le premier tour, organisé à partir de 15 heures jeudi dans l'hémicycle, "on verra" si Sébastien Chenu se maintient, a indiqué le secrétaire général du groupe Renaud Labaye.
Pour rappel, en plus de faire respecter le règlement et d'assurer la bonne tenue des débats, le président de l'Assemblée a un pouvoir de nomination et de saisine dans plusieurs grandes instances (audiovisuelles, financières, constitutionnelles, éthiques et juridiques). C'est également un interlocuteur privilégié du chef de l'État. Notamment en cas de dissolution.
Le futur président de l'hémicycle peut compter sur plusieurs avantages pour exercer son mandat. En plus de ses indemnités de député de 7.637,39 euros brut, il touche une indemnité "spéciale" de 7.698,50 euros - soit un total de 15.335,89 euros, détaille le site de l'Assemblée nationale. Et s'il le souhaite, il peut résider dans l'illustre Hôtel de Lassay, dans le 7e arrondissement de Paris. Une propriété du 18e siècle accolée par un passage au Palais Bourbon.