A la braderie de Lille, on cherche l'"utile" et on trouve le bigarré

A la braderie de Lille, on cherche l'"utile" et on trouve le bigarré (FRANCOIS LO PRESTI)
A la braderie de Lille, on cherche l'"utile" et on trouve le bigarré (FRANCOIS LO PRESTI)

La braderie de Lille débute à peine que des badauds se pressent par centaines entre les stands, en quête de "la bonne affaire" et surtout d'achats "utiles". Ce qui n'empêche pas nombre d'entre eux de s'enticher de décorations parfois dispensables, fruits en faïences ou train miniature.

A peine 8h30, mais les travées du parc de la Citadelle, dont plusieurs zones sont réservées aux brocanteurs professionnels, sont déjà noires de monde.

"C'est à ces heures-là qu'on fait les meilleures affaires", sourit Jean-Louis Sobrie, 70 ans, pull à capuche et écharpe sombre pour affronter le froid matinal. Cet habitué ne compte d'ailleurs pas s'éterniser: dès 11H30, il entend "profiter des moules-frites (...), parce qu'après, ça bouchonne".

Venu avant tout pour des achats "utiles", il est en quête d'une perle rare...une grappe de raisins en faïence, pour compléter un plateau de fruits du même matériau qui orne son salon.

Tôt le samedi, c'est le créneau des connaisseurs, qui veulent devancer les 2,5 millions de visiteurs attendus.

"Chacun voit l'utilité où il veut la voir", sourit Fabien Arevalo, les yeux encore un peu lourds, tenant sous le bras une locomotive miniature en aluminium obtenue pour 30 euros, une pièce qui complétera la décoration industrielle de sa maison.

Comme lui, nombre d'acheteurs veulent rester économes, après deux années de forte inflation. Ce que recherche Simon Baudens, 29 ans, "c'est la bonne affaire". En l'occurrence un saladier de Tunisie, un achat imprévu mais qui le réjouit.

- Buste de Michael Jackson -

Venu d'Auvergne pour découvrir la braderie, Jérémy Cubizolles anticipe des dépenses "pas très élevées" sur le week-end, et vient de débattre à l'euro près pour une figurine de Dobby, personnage de Harry Potter, qui lui permet d'"anticiper les cadeaux de Noël".

Gaëlle Girard, Parisienne de 51 ans emmitouflée dans une écharpe corail et plusieurs couches de vêtements, assure qu'il ne faut "pas partir avec une idée reçue" sur les objets recherchés, mais elle a acheté pratique, notamment des sweats pour son fils et pour elle-même.

Les brocanteurs eux semblent parfois miser sur l'incongruité plus que l'utilité. Un Christ brinquebalant en bronze côtoie une statuette de coq aux couleurs criardes, non loin d'un buste représentant Michael Jackson dans ses dernières années. Un stand arbore un renard empaillé croquant à pleines dents un faisan, immortalisé dans un très expressif cri de douleur.

Des pièces qui peinent parfois à trouver preneur. Antonin Bourel, 22 ans, a installé à l'entrée de son stand un feu tricolore rétro de trois mètres de haut, en aluminium légèrement bosselé mais parfaitement fonctionnel. Mis à prix à 400 euros, il a dès vendredi matin attiré les regards, mais pas les négociations. Le brocanteur a reçu une instruction de son oncle, propriétaire du stand: sentir la tendance et, en fonction, aviser à la baisse.

Car, si beaucoup de chineurs finissent par craquer, l'inflation les rend timides. Claude Renou, qui découvre la braderie, craque rapidement pour une dizaine de capsules de champagne, lui qui en possède "entre 10.000 et 11.000". Une collection qui n'a "pas d'intérêt", sourit-il, mais l'achat reste raisonnable: à 20 centimes la capsule, il n'a eu qu'à trouver une pièce de deux euros dans sa poche.

kau/cnp/vk