Brésil: la vidéo d'un policier militaire jetant un homme du haut d'un pont suscite la colère

Toute l'impunité des forces de l'ordre de l'État de São Paulo illustrée en une scène. En début de semaine, la publication sur les réseaux sociaux d'une vidéo datée du 2 décembre dernier montrant un agent de la police militaire en train de jeter un homme d'un pont de Vila Clara a suscité une vive émotion au Brésil.

La victime, identifiée comme étant un livreur à moto de 25 ans, est tombée de trois mètres de haut, la tête la première dans un cours d'eau, mais a survécu, a révélé son père au journal télévisé de Globo. Il a été secouru par des habitants et emmené ensuite à l'hôpital.

Si l'homme n'opposait aucune résistance, les douze autres policiers présents ont assisté à cet incident sans réagir. Ils ont été retirés des rues et font l'objet d'une enquête, selon le média brésilien. L'auteur de 29 ans a de son côté été arrêté ce jeudi et incarcéré dans une prison militaire.

Une hausse sensible des violences policières

Ce dernier avait déjà été accusé de meurtre l’année dernière, après la mort d'un homme s'étant fait tirer dessus à douze reprises à Diadema. L’affaire avait été classée sans suite en janvier, le ministère public et le juge ayant conclu qu’il s’agissait de légitime défense.

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Il sera expulsé de la police, selon le gouverneur de l'État, Tarcísio de Freitas, allié de Jair Bolsonaro et possible candidat à la présidentielle de 2026. À la suite de cet événement, plusieurs manifestations ont eu lieu dans le pays, notamment à São Paulo jeudi soir.

Depuis la nomination de ce proche de l'ex-président d'extrême droite à ce poste en début d’année dernière, les violences policières ne cessent de se multiplier dans la région pauliste, vidéos à l'appui.

Début novembre, des images glaçantes montraient un policier militaire en congé tirer onze fois dans le dos d'un jeune homme noir qui avait volé des produits d'entretien dans un supermarché. Deux semaines plus tard, une caméra de vidéosurveillance d'un hôtel a enregistré l'un de ses collègues tuant un étudiant d'une balle dans l'abdomen.

Les personnes noires visées en priorité

Jeudi, le gouverneur Tarcisio de Freitas a fait son mea culpa. "C'est le moment d'avoir l'humilité de dire que quelque chose ne fonctionne pas", a-t-il déclaré en conférence de presse. L'ancien ministre a admis avoir eu "une vision totalement erronée" en s'opposant à l'usage de caméras par les agents sur le terrain.

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Au moins 580 personnes ont été tuées lors d'interventions policières dans l'État de São Paulo de janvier à septembre, selon les chiffres officiels, une augmentation de 55% par rapport à la même période de l'année dernière.

Comme dans le reste du pays, cette violence touche en premier lieu la population afro-brésilienne: le nombre de personnes noires tuées par la police dans cet État a augmenté de 83% de janvier à août, contre une hausse de 59% pour les personnes blanches, selon des données compilées par l'institut Sou da Paz.

En mars dernier, Tarcisio de Freitas avait réagi d'un "je m'en fiche" quand des ONG avaient dénoncé auprès de l'ONU les violences policières dans son État.

Article original publié sur BFMTV.com