Brésil: Lula limoge le ministre des Droits humains accusé de harcèlement sexuel par plusieurs femmes, dont une autre ministre

Confronté à la première affaire de moeurs au sein de son gouvernement, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a limogé vendredi 6 septembre son ministre des Droits humains, Silvio Almeida, accusé de harcèlement sexuel par plusieurs femmes, dont une autre ministre.

Le président de gauche "a décidé de limoger le titulaire du portefeuille des Droits humains" après l'avoir "convoqué pour une rencontre au Palais de Planalto" au sujet des "graves dénonciations" portées contre lui, selon un communiqué publié par la présidence.

"Le président considère que le maintien du ministre à son poste est intenable, en raison de la nature des accusations de harcèlement sexuel", poursuit le texte.

"Il n'est pas acceptable de minimiser des épisodes de violence"

Silvio Almeida, 48 ans, a expliqué vendredi soir dans un communiqué avoir "demandé au président Lula de (le) limoger". "Ce sera une opportunité de prouver mon innocence et de me reconstruire", a-t-il déclaré.

Avant son limogeage, il avait nié ces accusations avec véhémence dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, les qualifiant de "mensonges" et évoquant une "campagne" pour "affecter" son "image d'homme noir occupant une position en vue dans les pouvoirs publics". Avocat et juriste, cet universitaire est une figure reconnue du milieu intellectuel afro-brésilien.

Le scandale a éclaté jeudi soir, quand le site Metropoles a révélé que l'association Me Too Brasil avait reçu des dénonciations de plusieurs femmes, dont celle de la ministre de l'Égalité raciale, Anielle Franco, une militante respectée de la cause noire.

Nommée à ce nouveau portefeuille créé par le président Lula au début de son troisième mandat, en janvier 2023, elle est la soeur de Marielle Franco, une conseillère municipale de Rio de Janeiro criblée de balles dans sa voiture en 2018. L'assassinat avait suscité une vive émotion au Brésil et au-delà.

Après avoir gardé le silence, la ministre a finalement réagi après le renvoi de Silvio Almeida.

"Il n'est pas acceptable de relativiser ou de minimiser des épisodes de violence. Reconnaître la gravité de ces pratiques et agir immédiatement est le comportement correct", a-t-elle dit dans un communiqué, remerciant Lula "pour sa fermeté".

Une enquête ouverte

Le suspense a donc duré à peine une journée. La Première dame, Rosangela da Silva, dite "Janja", connue pour son engagement féministe, avait déjà donné une indication du dénouement vendredi dans la matinée, en publiant sur Instagram une photo d'elle embrassant Anielle Franco sur le front.

Et Lula lui-même avait déclaré à une radio que "quelqu'un qui pratique le harcèlement ne peut pas rester au gouvernement", tout en soulignant qu'il fallait garantir au ministre "la présomption d'innocence".

Me Too Brasil a confirmé avoir reçu les dénonciations évoquées par Metropoles, expliquant que les femmes concernées avaient "reçu un soutien psychologique et juridique".

Le site d'informations UOL a publié vendredi le témoignage d'une professeure d'université qui s'est dite victime d'attouchements sexuels de la part de Silvio Almeida lors d'un déjeuner en présence d'une quinzaine de personnes, en 2019.

"C'était très étrange car il y avait beaucoup de gens, je portais une jupe, et je me souviens de sa main sur mes parties intimes. Il appuyait, j'avais honte", a-t-elle raconté.

Une enquête préliminaire a été ouverte par la police fédérale, ainsi qu'une procédure au sein de la Commission d'éthique publique du gouvernement. Il s'agit du premier scandale de cette ampleur depuis le retour au pouvoir de Lula, après deux mandats de 2003 à 2010.

Article original publié sur BFMTV.com