Boxe: apaisé dans sa vie et affûté sur le ring, Tony Yoka ne veut plus donner raison à ses détracteurs
La détermination se lit dans son regard: "Je ne veux pas donner à manger à mes détracteurs." Tony Yoka (31 ans) le sait, neuf mois après son dernier rendez-vous pugilistique raté face au franco-camerounais Carlos Takam, ce prochain combat face au Belge Ryad Mehry, ancien lourd-léger monté de catégorie, s’apparente à une dernière chance samedi 9 décembre, à Roland-Garros.
Le titre mondial des lourds, l’objectif de sa conquête, s’est éloigné, mais le Français Tony Yoka (32e au ranking mondial) n'a pas complètement renoncé à accrocher à son palmarès un titre majeur chez les professionnels. Mais pour continuer d’y croire, il lui fallait d’abord tout changer, de son lieu de vie à sa structure d'entraînement. Basé à Londres désormais, Yoka a quitté les Etats-Unis et l’Américain Virgil Hunter pour rejoindre l’Anglais Don Charles, spécialiste des poids lourds.
A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST
"Montrer qu'on a fait les bons choix"
"J’ai hâte d'être sur le ring pour m’exprimer, pour montrer à mon public et à ma team qu’on est prêt, qu’on a fait les bons choix", nous a confié un Tony Yoka apaisé ce mardi, au Temple du Noble Art, une salle de judo du 17e arrondissement, à l’occasion d’un entraînement ouvert aux médias. Le Français voit ce combat comme une occasion de "redevenir le boxeur qu’il était", un boxeur affûté, "qui a de l’impact dans ses gants".
Mais pour que sa boxe soit foudroyante, Tony Yoka avait également besoin de remettre de l’ordre dans sa vie personnelle, et de se rapprocher de ses enfants, qui ont vécu en France quand lui s’entraînait de l’autre côté de l’Atlantique: "Sur ces deux dernières années, ça a été compliqué dans ma vie perso, et ça s’est ressenti sur le ring. Le dernier combat m’a fait prendre conscience que ça n’allait pas, je ne me suis pas reconnu sur le ring il n’y avait rien. Pas d’impact ni d’envie, pas d’explosivité."
Ce retour en Europe lui a permis de réduire la distance qui le séparait depuis de trop nombreuses années de ses enfants, "mon oxygène". "J’ai voulu déménager pour être proche de ma famille, de mes enfants. Je peux rentrer tous les weekends pour m'aérer l’esprit et repartir à l’entraînement les batteries rechargées. Je ne captais pas l’intérêt de m'entraîner, de faire tout ce que je faisais, si je n’étais pas heureux. Je fais un sport qui est dur. Quand tu fais un sport aussi dur que la boxe et que tu ne prends pas de plaisir, tu ne peux pas y arriver."
S’il a préféré prendre son temps pour peaufiner sa préparation et augmenter ses chances de rebondir aussi vite qu'il était tombé de son piédestal, Tony Yoka s’impatiente: "J’ai vraiment hâte. Moi, je ne viens pas pour m’amuser", nous a-t-il prévenu un sourire en coin, en référence à une provocation de son futur adversaire. Ryad Merhy (30 ans), qui n’a plus boxé depuis le mois de mai, et un revers aux points face au Sud-Africain Kevin Lerena, présente un bilan de 31 victoires, dont 26 avant la limite, pour deux défaites. Tony Yoka reste lui sur deux défaites, les deux premiers revers de sa carrière professionnelle.