Bouygues Telecom casse les prix dans le très haut débit fixe

par Gwénaëlle Barzic

PARIS (Reuters) - Bouygues Telecom a dévoilé jeudi une nouvelle offre donnant accès au très haut débit sur internet via la fibre pour un prix sensiblement inférieur à ceux de ses concurrents, poursuivant sa stratégie agressive dans le fixe.

La filiale de Bouygues proposera à la fin du mois ‎un abonnement à 25,99 euros par mois avec l'ambition de "libérer le marché du fixe" figé jusque-là dans des offres ‎aux caractéristiques techniques et tarifaires relativement similaires avec un prix d'entrée entre 34 et 36 euros en moyenne.

A la peine depuis l'arrivée de Free (Iliad) dans le mobile en 2012, l'opérateur franchit ainsi une nouvelle étape de son offensive low cost entamée il y a plusieurs mois avec notamment le lancement fin février d'une offre internet-télévision et téléphone à moins de 20 euros, contre 30 euros en moyenne.

"Le critère de prix est devenu dans le fixe assez déterminant", a déclaré son PDG Olivier Roussat à l'occasion d'une conférence de presse lors de laquelle l'opérateur a également dévoilé la nouvelle "box" utilisant l'interface Android de Google qu'il commercialisera à compter d'octobre.

Après avoir engrangé au premier trimestre le nombre de recrutements net le plus élevé dans le fixe, les ventes au deuxième trimestre ont été "très bonnes", a indiqué le PDG.

"On s'attend à faire des ventes et à gagner des parts de marché", a-t-il ajouté en assurant que les offres restaient rentables en dépit de leurs prix bas.

L'offre du plus petit des opérateurs fixes en France ne sera toutefois accessible qu'à un million de foyers dans un premier temps, a précisé le groupe qui veut dépasser le chiffre de trois millions à terme. A titre de comparaison, le numéro un français des télécoms Orange dénombre à ce jour 2,8 millions de foyers raccordables.

BOUYGUES EMBOÎTE LE PAS DE SFR AVEC UNE BOX GOOGLE

Au-delà des recrutements d'abonnés, Bouygues Telecom cherche à faire la démonstration que l'accès à la fibre ne passe pas nécessairement par un surcoût pour les consommateurs, une pierre dans le jardin de ses rivaux qui réalisent des marges élevées dans le fixe à l'image de Free dont la rentabilité dépasse 40%.

Des analystes se sont cependant interrogés sur l'impact d'une telle stratégie low cost sur les comptes de Bouygues Telecom, en perte au premier trimestre, soupçonnant l'opérateur de chercher à faire pression sur ses rivaux en vue d'une possible consolidation.

Des discussions ont eu lieu avec Orange et Iliad mais elles n'ont pour l'heure pas abouti, a dit Olivier Roussat au début du mois.

"Si l'impasse sur une consolidation persiste, tout le monde va se retrouver dans un navire en train de couler", avait déclaré à Reuters une source au fait de la situation en début de semaine, comparant la politique de Bouygues à "une stratégie de destruction mutuelle assurée".

Bouygues Telecom mise par ailleurs sur le lancement prochain d'une nouvelle box qui permettra d'accéder depuis l'écran de télévision à l'ensemble des services du géant américain Google comme son incontournable moteur de recherche, le site de vidéos Youtube ou son magasin d'applications Google Play dans des formats adaptés.

La filiale de Bouygues fait partie des deux opérateurs télécoms avec un autre français, SFR, qui a également lancé une box Google il y a plusieurs mois, ayant obtenu une certification de la société américaine pour pouvoir intégrer son système d'exploitation Android dans leur box.

Le prix de l'offre associée à la box n'a pas été communiqué mais il sera inférieur à 30 euros par mois.

(Edité par Dominique Rodriguez)