Bout du monde, bagne, tourisme… Bienvenue à Ushuaïa, la ville la plus méridionale au monde

La plus froide, la plus grande, la plus ensoleillée… Tout au long de cet été, Yahoo vous propose de partir à la découverte de villes pas tout à fait comme les autres.

Bout du monde, bagne, tourisme… Bienvenue à Ushuaïa, la ville la plus méridionale au monde (Crédit : Getty Images)

L’évocation seule de son nom provoque instantanément de nombreuses images dans notre esprit : il y a bien sûr ses montagnes enneigées et ses glaciers majestueux, sa nature puissante, ses lacs gelés et ses maisons colorées. Ushuaïa n’est pas qu’une ville, elle est aussi un mythe, une destination presque inaccessible au commun des mortels car éloignée de tout. Marquée par des hivers rigoureux, des étés frais, des pluies toute l’année et un temps venteux, la ville argentine, capitale de la Terre de Feu, est donc la ville la plus australe de la planète.

Poser le pied sur cette terre de "la fin del mundo" se mérite. Il faut avaler 20 heures de vol et 14 000 kilomètres depuis la France. Même pour les Argentins, visiter Ushuaïa n’est pas de tout repos. Posée au bout des Andes, à 3 085 kilomètres de la capitale Buenos Aires et à 4 330 des chutes d’Iguaçu, cette cité du bout du monde ne ressemble à aucune autre. Son statut de ville la plus australe sur la carte du globe est toutefois contesté par les Chiliens qui préfèrent mettre en avant Puerto Williams situé plus au sud qu’Ushuaïa. Mais en réalité le petit village chilien est bien trop petit pour obtenir cet honneur.

Face à la colonisation européenne croissante au fil des siècles depuis sa découverte par le navigateur Fernand de Magellan en 1520, les autorités argentines décident de hausser le ton à la fin du XIXe siècle en renforçant leur présence. Le 12 octobre 1884, le drapeau argentin est officiellement hissé à Ushuaia sous la houlette de l’officier Augusto Lasserre. Le gouvernement de l’époque cherche une solution pour peupler cette région isolée et inhospitalière.

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La décision est prise de construire un bagne pour y accueillir les prisonniers les plus dangereux du pays et ainsi assurer une présence sur ce nouveau territoire national. Les détenus ont en réalité apporté bien plus. "C'est eux qui ont développé cet endroit et qui ont construit les infrastructures locales. Ils ont d'abord construit les bâtiments administratifs de leur prison puis leurs propres cellules, les routes, les chemins de fer (dont le fameux train du bout du monde aujourd'hui reconverti en attraction touristique), les écoles, les routes, l'hôpital, le port, les services publics", énumère le site voyages-exception.fr.

Ouvert au tout début du XXe siècle, le bagne a fermé ses portes en 1947. Le lieu abrite aujourd'hui le musée Maritime et Presidio d'Ushuaia, avec une vaste collection de modèles navals qui racontent l'histoire maritime de la Terre de Feu depuis l'arrivée des premiers explorateurs.

Le fameux train du bout du monde aujourd'hui reconverti en attraction touristique (Crédit : Getty Images)
Le fameux train du bout du monde aujourd'hui reconverti en attraction touristique (Crédit : Getty Images)

De par sa position géographique isolée, Ushuaïa n’est évidemment pas amenée à devenir un haut lieu du tourisme mondial. La ville la plus australe du globe, habitée par 80 000 âmes, accueille 400 000 touristes - une large majorité d’Argentins - par an, soit autant que l’île de Bréhat, en Bretagne. Sa superficie est pourtant 3 000 fois plus importante que le joyau des Côtes-d’Armor. L’ancien petit village se transforme progressivement en pôle touristique régional majeur. Le bruit des avions qui décollent vient régulièrement gêner la quiétude des habitants comme les sirènes des paquebots en partance pour le Cap Horn ou l’Antarctique.

Un paquebot à Ushuaïa (Crédit : Getty Images)
Un paquebot à Ushuaïa (Crédit : Getty Images)

"L'Argentine a ramené des castors en Terre de Feu. Ce n'était pas une bonne idée". Cet article édifiant publié en 2019 par National Geographic soulève un grave problème pour l’écosystème d’Ushuaïa et plus globalement de sa région. Importé par l’Argentine dans les années 1940 pour y créer une industrie de la fourrure, le castor canadien s’est si bien adapté à son habitat de la Terre de Feu que sa population est désormais incontrôlable. La raison ? Sans prédateur, l’animal saccage des hectares et des hectares de forêt en plus d’étendre son territoire de manière inquiétante. En 2017, des castors ont par exemple rongé des câbles à fibre optique, interrompant les services Internet et cellulaires à Ushuaïa.