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Boualem Sansal: «Nous sommes dans une société qui murmure, avec une incapacité à dire les choses»

Portrait of Boualem Sansal 10/09/2015 ©Vincent MULLER/Opale/Leemage

L’écrivain algérien retrouve des similitudes entre l’Algérie de la fin des années 80 et la France d’aujourd’hui : «Une montée rapide de l’islamisme, des clivages forts au sein de la société, des pouvoirs qui n’assument pas ou affaiblis par des alliances militaires ou économiques qui les rendent muets.»

À l’occasion de la sortie de son nouveau roman 2084, paru chez Gallimard, en lice dans les dernières sélections du Goncourt, Boualem Sansal livre ses réflexions sur les vagues migratoires, qui mettent en lumière les tensions dans les pays de l’Union européenne. L’écrivain algérien francophone évoque aussi les mêmes peurs moyenâgeuses qui toucheraient les deux rives de la Méditerranée au sujet de l’immigration. L’auteur s’empare également de l’Abistan, le sujet de sa dernière œuvre. Ainsi, l’Abistan, cet Etat totalitaire religieux, ne serait pas qu’un simple cauchemar littéraire, mais une «construction» qui serait déjà, du moins dans certains pays, à l’état de «grand avancement».

Vous étiez en Allemagne le mois dernier pour la promotion de votre livre. Comment le pays ressent-il ces vagues migratoires ?

A Leipzig, j’ai ressenti une colère horizontale : elle va de l’extrême droite, naturellement, jusqu’au milieu musulman. Ce dernier, tout comme en France d’ailleurs, se dit : «Déjà, on ne se sent pas bien, on nous chicane sur tout, et en plus si les "autres" arrivent, ils vont probablement commettre des délits, ils vont être exigeants, demander une égalité de traitement, et, du coup, ces vagues migratoires vont se retourner contre nous.» Mais cette inquiétude gagne aussi l’Algérie à travers des propos comme : «Vous vous rendez compte, les nôtres, en France, avec tous ces Syriens, Irakiens qui arrivent… on est quand même un peu chez nous en France, non ?» La France est vue comme une chasse gardée. La France, c’est pour le Maghreb et puis ces Orientaux-là, eh bien, ils n’ont qu’à aller à Londres. C’est la tonalité ressentie en Algérie.

Pourquoi, selon vous, la (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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