Boscodon, la forêt dont on ne revient pas

C’est un océan de verdure prisé des randonneurs, plus de 1 000 hectares de beauté sauvage au cœur des Hautes-Alpes. Un vrai décor de conte. Entre 2015 et 2020, quatre personnes y ont disparu, comme englouties par les bois sombres. Leurs familles refusent de se résigner et continuent les recherches. Fin juin, un corps a été retrouvé. Accident, suicide ou meurtre… L’absence d’indices laisse libre cours à toutes les hypothèses, à tous les fantasmes.

Marlès, un hameau au cœur de la forêt sombre de Boscodon, à Crots, dans les Hautes-Alpes. Là, près d’un pâturage à la lisière du bois, Laurence Klamm-Bouilly, 60 ans, a disparu le jeudi 26 novembre 2020. « Laurence est partie à pied vers 10 h 45 pour une heure de balade, en jean, baskets grises et blouson noir, raconte son mari, Éric. Sans téléphone ni papiers, les mains dans les poches. Elle n’est jamais rentrée. »

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Depuis sept mois, Éric se démène pour retrouver son épouse. Les gendarmes, épaulés par les hélicoptères et les drones, ont ratissé un vaste périmètre escarpé, semé d’embûches. Huit cents mètres de long, 500 de large. Une piste, relevée par les chiens, mène du pont du Marquisat, surplombant le torrent fougueux, jusqu’à Marlès. C’est ici qu’un chien de Saint-Hubert, au flair infaillible, a perdu sa trace au milieu d’un champ. Laurence s’est volatilisée. De son plein gré ? Forcée ? Ces questions dévorent le cœur de son époux, meurtri par ce deuil impossible. « Pas de corps, pas de mort », répète Éric, regard bleu ciel, sourire triste. « Jusqu’à preuve du contraire, elle est vivante. Cet espoir me maintient en vie. »

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Les enquêteurs s’orientent tantôt vers l’accident, tantôt vers le suicide. Assistante sociale, Laurence souffrait de fortes angoisses et d’une fatigue écrasante. Une prise excessive de médicaments l’avait conduite un mois durant, jusqu’à la veille de sa disparition, dans un établissement spécialisé. « Elle était démunie face à ses douleurs mais n’était pas suicidaire », jure Éric qui pointe un détail troublant : « En six ans,(...)


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