Borsalino (W9) - Comment Alain Delon a piégé Jean-Paul Belmondo

Été 1968, Saint-Tropez. En plein tournage de La Piscine, Alain Delon exulte : entre les prises, le comédien dévore le livre Bandits à Marseille, écrit par le journaliste Eugène Saccomano, qui retrace l’itinéraire criminel de deux gangsters, Carbone et Spirito, dans le Marseille des années 30. Enfin, il a trouvé l’occasion de se mesurer à Belmondo à l’écran, "le seul à qui Delon reconnaissait une égalité de vedettariat", se souvient Jean-Claude Carrière, qui sera chargé de ciseler une partition pour deux solistes. Anecdote savoureuse : le personnage qu’incarne alors Delon dans La Piscine s’appelle… Jean-Paul ! Les deux plus grandes stars du cinéma tricolore s’étaient croisées à l’écran, en 1957, dans Sois belle et tais-toi ! et en 1965, dans Paris brûle-t-il ?. Jamais les frères lumière n’ont partagé le haut de l’affiche.

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Belmondo se souvient : "Réticent, j’ai changé d’avis à la lecture du scénario écrit par Jean-Claude Carrière, sur un script de Jean Cau et Claude Sautet." Parce que Delon est le producteur, et que l’on n’est jamais trop prudent, Bébel exige, par contrat, que leurs noms soient à égalité sur l’affiche. Juré, craché ! Il ignore que, pour l’appâter, Delon a demandé à Jean Cau de pondre un premier jet en quinze scènes, "avec neuf rounds" pour son partenaire, et six, seulement, à son avantage. Il s’agit bien d’un match et le plateau sera leur ring dans son esprit ! À Carrière de rectifier le tir au scénario. Ainsi est née la légende que chaque acteur exigeait le même nombre de répliques. La guerre des egos a bien eu lieu, mais "je n’avais pas à compter les mots dans les dialogues comme cela a été dit !", précise Carrière. Sur le plateau, Jacques Deray peut souffler, c’est l’entente cordiale, Belmondo et Delon ont fière allure en cadors du milieu marseillais, costards croisés et Borsalino, sulfateuses en bandoulière. Pour ne pas froisser quelques "susceptibilités", le duo n’incarne pas Carbone et Spirito, mais Roch Siffredi, pour Delon, et François Capella, pour Belmondo. Et, contrairement à leurs modèles, le...

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