Borne engrange déjà les soutiens pour prendre la tête de Renaissance (et ça ne doit rien au hasard)

Borne engrange déjà les soutiens pour prendre la tête de Renaissance (et ça ne doit rien au hasard) - photo de Borne et Attal prise en janvier 2023
EMMANUEL DUNAND / AFP Borne engrange déjà les soutiens pour prendre la tête de Renaissance (et ça ne doit rien au hasard) - photo de Borne et Attal prise en janvier 2023

POLITIQUE - Born to be… Secrétaire générale de Renaissance ? Dans la foulée de sa déclaration de candidature, mercredi 21 août dans Le Parisien, pour prendre la tête du parti présidentiel à l’automne prochain, Élisabeth Borne engrange déjà ses premiers soutiens (de poids).

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Parmi eux, on retrouve notamment la ministre (démissionnaire) Aurore Bergé, ou son ex-collègue du gouvernement Clément Beaune, deux figures pourtant membres de courants différents, la première à l’aile droite du camp macroniste, le second plutôt à l’aile gauche. Qu’à cela ne tienne, les deux vantent ce jeudi matin l’« esprit collectif » qui anime la démarche de l’ancienne locataire de Matignon. Et ce n’est pas tout.

Dans son entretien « d’officialisation », Élisabeth Borne laisse également entendre que Gérald Darmanin, l’influent et remuant ministre de l’Intérieur, est dans son équipe. Tout comme « Sylvain Maillard, Olivia Grégoire ou Agnès Pannier-Runacher. » Soit autant de voix respectées dans le parti fondé par Emmanuel Macron en 2017.

Les messages de Borne et Bergé

Il faut dire que l’ancienne Première ministre est très appréciée dans son camp. Mais cette popularité n’est sans doute pas la seule raison à cet afflux, rapide, de soutiens. Il peut, en réalité, être mis en relation avec le potentiel adversaire de la députée du Calvados… un certain Gabriel Attal.

Dès lors, le verbe macroniste doit se lire entre les lignes. On comprend, dans les différentes prises de parole, que ces cadres ne veulent pas laisser le mouvement présidentiel à la seule main de l’actuel Premier ministre démissionnaire, par ailleurs président du groupe Renaissance à l’Assemblée.

« Traditionnellement, il n’est pas d’usage d’être président de groupe en même temps que l’on dirige le parti », a par exemple glissé Élisabeth Borne dans son entretien, mercredi soir, en ramenant son successeur à Matignon au poste qu’il a choisi de briguer après la dissolution. Comme pour lui damer le pion et couper court à ses éventuelles ambitions pour la suite.

Dans le même esprit, Aurore Bergé souligne, elle, sur France Inter, que « l’on ne peut pas être (président de groupe) à mi-temps : c’est un temps plein. » « Gabriel Attal, on a la chance qu’il soit président de groupe. Il a souhaité l’être. Et je crois qu’il souhaite surtout le rester », a encore argué celle qui a occupé ce poste stratégique entre juin 2022 et juillet 2023.

Le risque pour Attal : devenir le diviseur

Comprendre : il sera difficile pour l’actuel locataire de Matignon de briguer les deux fonctions, en expliquant au passage pourquoi il quitte la direction des députés à l’Assemblée, un poste qu’il a obtenu au prix, déjà, de certaines tensions avec Gérald Darmanin.

En résumé, le parti macroniste ne peut pas être « une écurie présidentielle », selon les mots d’Élisabeth Borne dans Le Parisien, à l’attention de ceux qui lorgnent 2027. Ce qui est le cas de Gabriel Attal, comme de bien d’autres.

Enfin, les rancœurs personnelles ne sont pas à sous-estimer non plus dans le contexte actuel. Au-delà de la stratégie politique visant à atténuer le poids du très populaire député des Hauts-de-Seine, plusieurs cadres de la macronie seraient effectivement courroucés par ses débuts comme chef de groupe. En cause : une mauvaise répartition des postes clefs, et des ténors restés à quai.

Quoi qu’il en soit, Gabriel Attal n’a plus vraiment la main sur cette élection interne. S’il décide de se présenter contre l’ancienne Première ministre, figure très respectée dans son camp, il devra expliquer pourquoi elle n’est pas le profil idéal et pour quelles raisons il ferait mieux malgré son emploi du temps chargé de chef de groupe à l’Assemblée. Une position d’autant plus difficile à assumer si les soutiens continuent de s’accumuler du côté d’Élisabeth Borne.

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