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Paris rejette l'idée "farfelue" de Johnson d'un pont sur la Manche

L'un des plus ardents promoteurs du Brexit, le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson, a proposé à Emmanuel Macron de construire un pont géant à travers la Manche pour relier la Grande-Bretagne à la France, rapporte la presse britannique vendredi. /Photo prise le 18 janvier 2018/REUTERS/Stefan Rousseau

LONDRES/PARIS (Reuters) - Boris Johnson a proposé jeudi à Emmanuel Macron de relier la Grande-Bretagne à la France par un pont géant, une idée jugée non prioritaire voire "farfelue" par les autorités françaises.

"Nos succès économiques dépendent de bonnes infrastructures et de bonnes connexions. Et si le tunnel sous la Manche n'était qu'une première étape ?", a ensuite tweeté le ministre britannique des Affaires étrangères, ardent promoteur du Brexit.

L'Elysée a confirmé vendredi qu'il avait évoqué le sujet avec Emmanuel Macron en marge du sommet franco-britannique mais démenti la réponse prêtée ("Je suis d'accord, faisons-le") au président par la presse britannique.

"Le président de la République lui a dit que le sujet des accès était important mais il n'a pas dit la phrase qui lui est attribué par les médias anglais : 'I agree. Let's do it'", a-t-on dit.

L'Elysée a parallèlement souligné que le tunnel sous la Manche n'était utilisé qu'à 55% de sa capacité, "donc avant de faire un pont utilisons le tunnel".

Boris Johnson est convaincu qu'un pont de 35 km, financé par des capitaux privés, est envisageable pour accroître les échanges touristiques et commerciaux après le Brexit.

"La technologie évolue en permanence et il y a des ponts bien plus longs ailleurs dans le monde", a-t-il dit à ses conseillers, selon le quotidien britannique The Daily Telegraph.

Le pont le plus long du monde, entre Danyang et Kunshan en Chine, mesure plus de 160 km.

Interrogé sur ce sujet, le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a répondu vendredi sur Europe 1 : "Ecoutez pourquoi pas, toutes les idées, mêmes celles qui sont parfois les plus farfelues, doivent être étudiées."

"Réalisons déjà les infrastructures qui sont commencées avant d'envisager de nouvelles", a-t-il ajouté. "Essayons de rentabiliser le tunnel, essayons de faire le Lyon-Turin. Tout ça coûte cher. Avant d'envisager de nouvelles infrastructures, regardons comment est-ce qu'on peut achever celles qui sont lancées."

(Guy Faulconbridge à Londres, Michel Rose et Mathieu Rosemain à Paris, avec Jean-Stéphane Brosse, édité par Jean-Baptiste Vey)