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Bordeaux : «Sur le moment, je ne me rends pas du tout compte que je n’ai plus de main»

A Bordeaux, la manifestation des gilets jaunes a dégénéré en fin de cortège : entre affrontements, incendies et destructions de biens publics, le 8 décembre.

La vidéo, abominable, parcourt les réseaux sociaux depuis samedi soir. Antoine, 26 ans, manifestait à Bordeaux aux côtés des gilets jaunes. Une grenade lancée par les forces de l'ordre, qu'il pensait composée de simple gaz lacrymogène, lui a arraché la main.

La vidéo est insoutenable. Si les images sont floues, en raison de l’abondance de gaz lacrymogène, les cris, eux, glacent le sang. La nuit vient de tomber, samedi, sur le centre-ville de Bordeaux. Aux abords de la place Pey-Berland, où se trouvent la mairie et la grande cathédrale, ainsi que sur le cours Victor-Hugo, les affrontements entre forces de l’ordre et «gilets jaunes» sont d’une rare violence. En tout, 38 personnes ont été blessées. Parmi elles, Antoine, 26 ans, a eu la main arrachée par une grenade. Pour la première fois, il se confie à Libération.

Sur la place Pey-Berland, le 8 décembre. Photo Thibaud Moritz pour Libération

Hospitalisé à Pellegrin, le jeune homme a subi près de neuf heures d’opération samedi soir. Il commence à peine à comprendre ce qui lui est arrivé. Froidement, il dit : «J’étais venu manifester. Désormais, j’ai un moignon à la place de la main droite». Ce jeune animateur en école maternelle n’est pas un agité des mouvements sociaux. C’est la première fois depuis sept ans, et le mouvement des indignés, qu’il participait de nouveau à un cortège. «Je ne me reconnais pas spécialement dans le mouvement des gilets jaunes. D’ailleurs je n’en portais pas. L’augmentation du prix de l’essence, à la base, ce n’est pas mon combat. Mais au fur et à mesure, l’éventail des revendications s’est élargi. On a commencé à parler des retraites, des salaires, du pouvoir d’achat. Le 1er décembre, je me souviens m’être dit que le gouvernement était peut-être prêt à reculer sur certaines mesures, à nous écouter. J’ai donc décidé de me joindre au cortège samedi à Bordeaux», indique-t-il, calmement.

Nuage de gaz lacrymogène

«Au début, tout s’est déroulé dans une bonne ambiance, il y avait de la musique, (...)

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