Boom des écoles bilingues… et doutes sur le niveau d’anglais des enseignants

En 2010-2011,240 000 élèves étaient inscrits dans les écoles publiques bilingues espagnoles (sans compter la Catalogne, à propos de laquelle les données font défaut). En 2016-2017, ce chiffre avait bondi à 1,1 million, selon le quotidien El País. Parmi les élèves espagnols qui suivent un cursus bilingue, 95 % choisissent les cours en anglais, précise le quotidien madrilène. Un succès dont on ne pourrait que se féliciter si les professeurs censés délivrer leurs enseignements dans cette langue n’avaient pas eux-mêmes quelques doutes sur leurs compétences linguistiques.

“Le secteur s’est développé si rapidement qu’il n’y a pas assez de professionnels qualifiés pour répondre à la demande”, constate El País. Conséquence : certaines régions sont bien moins exigeantes que d’autres en matière de recrutement des professeurs bilingues. À Madrid, où 43,8 % des élèves du primaire et 27,6 % des élèves du secondaire suivent des cours en anglais, les enseignants doivent impérativement avoir un niveau avancé (C1) dans cette langue. Mais ce n’est pas le cas dans les Asturies, où pourtant 52,3 % des élèves de primaire sont censés suivre des programmes bilingues. Là, les compétences requises pour les enseignants se limitent au niveau intermédiaire (B2). Idem en Andalousie.

La popularité des écoles bilingues a tellement augmenté que de nombreuses régions ont été incapables de répondre à la demande. En Andalousie, par exemple, ‘il n’y a pas assez d’enseignants qualifiés’, explique Christian Abello, professeur d’anglais à l’université de Séville. Après le lancement du programme bilingue, en 2004, le gouvernement régional andalou a autorisé les professeurs dont le niveau d’anglais est faible (B1) à enseigner dans les petites classes, explique José Antonio Romero, coordinateur du programme bilingue de l’école publique Miguel Servert à Séville.”

Autre conséquence néfaste des carences du système mis en place pour faire face à l’engouement spectaculaire pour les programmes bilingues : elles accentuent la ségrégation sociale. “Ceux qui peuvent se payer des cours particuliers réussissent. Ceux qui n’ont pas cette possibilité accumulent les mauvais résultats”, constate un enseignant.

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