Le « bonhomme » La Fontaine
Paul Valéry avait vu juste : « Il court sur La Fontaine une rumeur de paresse et de rêverie, un murmure ordinaire d’absence et de distraction perpétuelle. » La rumeur, dans le cas qui nous occupe, est partiellement infondée. Quant au murmure, il en faut mesurer la réalité du bruit, nous verrons. D’abord, la paresse ? N’y pensons pas. Jugez plutôt : des fables à foison, mais encore des contes et nouvelles, du théâtre, des épîtres, des élégies, des ballades, des dizains, des rondeaux, un roman, un poème chrétien, un autre scientifique, un ballet comique, deux paraphrases de textes sacrés, des satires, des odes… Distraction perpétuelle ? Pas davantage. C’est que, dans le cas qui nous occupe, le travail efface les traces du travail. Ainsi les pentes du Parnasse paraissent-elles douces, mais ce n’est qu’illusion. Un don merveilleux sourd, au point que La Fontaine a « donné l’impression de produire les vers comme si son inspiration les engendrait déjà tout façonnés », relève son merveilleux portraitiste qui pointe, d’emblée, l’étrangeté du styliste hors pair. Là, Jean-Michel Delacomptée ne laisse pas de nous intriguer : en effet, il attribue, en la justifiant, la singularité du poète à un trouble de l’humeur dont le sujet lui-même n’eut pas à souffrir. Pardon ? La Fontaine « était probablement atteint du syndrome d’Asperger » ! Gageons que cette « conjecture peut heurter ». Qu’importe, Delacomptée a trouvé la couleur de l’aplat du fond de son portrait. On suit avec beaucoup de p...