La bombe cyclonique Ciaran et l’importance des prévisions numériques

Dans un entretien avec Sciences et Avenir, l'ancien secrétaire général de l’organisation météorologique mondiale Michel Jarraud dresse des points de comparaison entre la tempête Ciaran et celle, "oubliée", de 1987.

La tempête Ciaran, qui vient de frapper les côtes de Bretagne et Normandie puis est remontée vers les Hauts-de-France, a ravivé le souvenir des tempêtes passées, la "tempête oubliée" d’octobre 1987 (lire encadré), où des pointes de vent à plus de 180 km/h avaient été atteintes en Bretagne et Normandie, puis le cyclone Lothar en décembre 1999. Michel Jarraud, ancien secrétaire général de l’organisation météorologique mondiale (OMM), aux premières loges en 1987, en tant que « responsable de la prévision » au niveau national, témoigne pour Sciences et Avenir – La Recherche des similitudes de ces événements et de ce qui a changé au cours des années. Interview.

Sur la pointe du Raz, des rafales à plus de 200 km/h

Sciences et Avenir : Y a-t-il un parallèle à faire avec la tempête de 1987, qui était remontée le long de la Manche ?

Michel Jarraud : On n’a pas encore toutes les données sur la tempête Ciaran, qui seront analysées dans les prochains jours et semaines, mais il y a des similitudes, me semble-t-il, sur la "cyclogénèse", ce creusement très rapide et très profond de la dépression. A noter que les vents ont même été plus forts en Bretagne et Normandie que ceux de 1987, certaines rafales dépassant les 200 km/h, par exemple sur la pointe du Raz.

Toutes les tempêtes ne se créent pas aussi vite ?

Actuellement, on parle de "bombe cyclonique" pour ce genre d’événement, qu’on appelait jadis (comme en 1987) "foliation de tropopause" - une expression très jolie mais pas très parlante pour le grand public !

En clair, cela signifie qu’à la tropopause, cette limite entre la troposphère (1) et la stratosphère, de l’air stratosphérique plonge vers le bas, vers la surface terrestre. C’est ce qui s’était passé en 1987, un phénomène très visible sur les images par satellite dans le canal "vapeur d’eau", car l’air stratosphérique est très sec alors que les couches moyennes et basses de l’atmosphère sont beaucoup plus humides.

L'événément de 1987

Et c’est un phénomène de ce genre qui [...]

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