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Airbus contrôlera le CSeries en juillet, priorité à la production

par Allison Lampert et Cyril Altmeyer

MONTREAL/PARIS (Reuters) - Airbus et Bombardier ont annoncé vendredi que la prise de contrôle du programme CSeries du canadien par l'avionneur européen prendrait effet le 1er juillet, se fixant comme priorité la réussite de la montée en cadence de la famille d'avions de 100 à 150 sièges.

Bombardier avait accepté en octobre dernier de céder à Airbus une participation de 50,01% pour un dollar canadien symbolique dans son programme phare afin de relancer ses ventes et d'accroître sa production tout en limitant ses coûts.

L'objectif est de doubler les livraisons du CSeries en 2018 par rapport aux 17 unités livrées l'an passé, précisent les deux groupes dans un communiqué.

"Nous prévoyons une montée en cadence de production parce qu'il y a des problèmes au sein de la chaîne de fournisseurs", a déclaré Philippe Balducchi, chef de la direction du partenariat CSeries, précisant que cette préoccupation n'était pas spécifique à ce programme.

"Nous serons très concentrés sur le fait d'avoir une montée en cadence solide et soutenue dans les années à venir", a-t-il ajouté lors d'une conférence téléphonique.

Le directeur financier d'Airbus Harald Wilhelm a estimé de son côté que l'expérience de l'avionneur européen en termes de gestion de la chaîne des fournisseurs jouerait à plein.

"Je pense qu'il y a un excellent potentiel pour accroître encore la compétitivité et l'efficacité en termes de coûts et de faire (du CSeries) un générateur de trésorerie pour Airbus à l'avenir", a-t-il dit.

Airbus consolidera à compter du 1er juillet le CSeries, dont Bombardier conserve environ 31% et Investissement Québec 19%.

Au moment de l'annonce du partenariat, Bombardier faisait face à un conflit commercial avec Boeing.

Le différend a pris fin en mars lorsque Boeing a annoncé qu'il ne ferait pas appel de la décision d'une commission américaine autorisant Bombardier à commercialiser ses CSeries aux Etats-Unis sans être lourdement taxé.

Boeing discute actuellement avec le brésilien Embraer en vue d'un rapprochement.

OFFRES GROUPÉES AUX COMPAGNIES

Airbus a prévu la création en 2019 d’une deuxième chaîne d’assemblage final du CSeries à Mobile, en Alabama, où l'avionneur européen assemble déjà ses A320 afin de servir les clients américains.

Philippe Balducchi a précisé que la ligne d'assemblage de Mirabel, au Québec, resterait toutefois la principale du programme qui comprend les modèles CS100 et CS300.

Le groupe européen compte proposer aux compagnies aériennes des commandes groupant des CSeries à ses propres avions et pourrait changer le nom du programme pour Airbus.

Selon des sources de l'industrie aéronautique, Airbus s'apprête en outre à croiser le fer avec United Technologies Corp (UTC), maison mère du motoriste Pratt & Whitney, concernant les prix des composants et des services.

Une fois bouclé le rachat de Rockwell Collins pour 23 milliards de dollars (19,5 milliards d'euros), UTC sera de loin l'équipementier le plus important du programme CSeries.

Jeff Knittel, président d'Airbus Americas, a refusé de d'évoquer des fournisseurs spécifiques mais a suggéré qu'Airbus réclamerait des concessions en échange des montants bien plus importants dépensés en équipements par rapport à Bombardier, dont 17 milliards de dollars par an uniquement aux Etats-Unis.

"On pourrait s'attendre à ce que quelqu'un qui dépense autant ait plus de poids que quelqu'un qui dépense moins", a-t-il dit. "Nous ne cherchons pas une relation conflictuelle avec la chaîne des fournisseurs. Nous cherchons à nous placer (...) avec les fournisseurs, en position de vendre plus d'avions."

Le directeur financier Harald Wilhelm a par ailleurs écarté toute menace sur l'A319, qui peut accueillir 140 à 160 passagers selon les configurations, tout en reconnaissant que l'A320 et l'A321 récoltent l'essentiel des commandes dans cette catégorie.

"Je ne vois pas de raison maintenant de spéculer sur le futur sur l'A319 en tant que tel. Les clients veulent cet avion", a-t-il dit, citant la certification de l'A319neo, version remotorisée de l'avion, et de sa déclinaison en avion d'affaires.

L'A319 ne totalise que 1.545 commandes (dont 56 seulement pour la version neo), contre 8.873 pour l'A320 et 3.730 pour l'A321, selon les données au 31 mai communiquées mercredi par Airbus.

Bombardier a parallèlement abaissé de 500 millions de dollars sa prévision de chiffre d'affaires pour 2018, à 16,5 milliards (14 milliards d'euros).

Airbus a gagné 1,25% à 100,90 euros vendredi, alors que le CAC 40 a termioné sur une note quasiment stable (0,03%).

(Avec Tim Hepher à Paris et Rama Venkat Raman à Bangalore, Claude Chendjou et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Dominique Rodriguez)