Comment Bolsonaro s’approprie le bicentenaire de l’indépendance brésilienne
“Félicitations, le Brésil”, lit-on ce matin à la une du quotidien portugais Público, à l’occasion des 200 ans de l’indépendance de l’ancienne colonie. La couverture figure, en illustration, une photo de la main tendue du célèbre Christ Rédempteur de Rio de Janeiro – qui a inspiré l’édification, en 1959, de la statue jumelle du Christ Roi à Lisbonne. Petit détail qui n’est pas anodin : on y aperçoit, juché sur l’imposant monument, un ouvrier de chantier, allusion probablement métaphorique à celui qui attend le Brésil à l’aube d’un scrutin présidentiel déterminant.
Público précise en manchette que le président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, se trouve ce mercredi 7 septembre à Brasília pour la célébration de la fête nationale brésilienne, “assombrie par la tentative de récupération électorale de Jair Bolsonaro”, l’actuel chef de l’État et candidat à sa réélection. Et le quotidien de préciser dans ses pages : “Les célébrations du 200e anniversaire du ‘cri d’Ipiranga’ [déclaration d’indépendance du Brésil par le prince régent Pierre de Portugal] sont éclipsées par la campagne électorale en cours, dans laquelle se joue bien plus que le choix du prochain président.”
“S’il pouvait faire un coup d’État, il le ferait”
Le dirigeant d’extrême droite, donné perdant par les sondages face à l’ex-président de gauche Lula da Silva, entend faire de cette journée “un acte de campagne majeur” pour remobiliser ses troupes, “en détournant le débat public autour des 200 ans de l’indépendance”, déplore Marcos Nobre. Dans les colonnes de Público, qui publie une édition spéciale en ligne pour l’occasion, ce professeur de philosophie à l’université d’État de Campinas (Unicamp) constate que la démocratie brésilienne est désormais menacée par les coups de boutoir de Bolsonaro, d’autant plus si ce dernier atteint le second tour de la présidentielle, le 30 octobre prochain :
“Bolsonaro ne fait tout simplement pas de coup d’État parce qu’il n’a pas la force de le faire, mais s’il peut accumuler cette force, il le fera.”
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