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Dorcy Rugamba : « Ce Boli est aussi le dépositaire de savoirs anciens »

Répétitions du Vol du boli.
Répétitions du Vol du boli.

« Soyez extatiques ! Dans l'inhumanité ! » indique Damon Albarn (Blur, Gorillaz, Africa Express) aux choristes masculins pendant la répétition d'une scène évoquant l'esclavage, au sein du spectacle Le Vol du boli, dont il assure la conception musicale. Cet opéra également dansé est écrit et mis en scène par le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, multicésarisé pour Timbuktu. Le point de départ est le vol d'un boli, objet sacré d'une population mandingue animiste, les Bamana, par l'écrivain Michel Leiris, lors de la mission ethnographique Dakar-Djibouti en 1931.

Désormais exposée au musée du Quai Branly, cette sculpture zoomorphe à qui les adeptes vouaient le culte du bamanaya était source d'un pouvoir magique, d'énergie vitale, agent intermédiaire entre les vivants et les ancêtres, dépositaire de la mémoire d'un peuple. Ce rapt d'un objet à charge spirituelle et mémorielle ouvre la porte d'entrée symbolique de ce spectacle qui veut restituer cette magie et cette puissance perdues. Par l'intermédiaire de différents tableaux, il raconte le rapport douloureux et complexe de l'Afrique avec l'Occident à travers les époques, depuis l'empire mandingue de Soundiata Keïta au XIIe siècle jusqu'à l'ère contemporaine.

Les ambitions poétiques, esthétiques, artistiques sont à la mesure de l'ampleur de son propos historique et politique. Dans cette quête de l'harmonie, qui refuse le dolorisme, pour citer Abderrahmane Sissako, l'orchestre, composé de musiciens mali [...] Lire la suite