Boko Haram utilise de plus en plus d'enfants pour ses attentats

Le nombre d'enfants utilisés par le groupe islamiste nigérian Boko Haram pour commettre des attentats-suicides a fortement augmenté depuis le début de l'année, s'inquiète l'Unicef dans un rapport publié mercredi. /Photo prise le 30 janvier 2017/REUTERS/Denis Balibouse

ABUJA (Reuters) - Le nombre d'enfants utilisés par le groupe islamiste nigérian Boko Haram pour commettre des attentats-suicides a fortement augmenté depuis le début de l'année, s'inquiète l'Unicef dans un rapport publié mercredi. En trois mois, 27 enfants ont été transformés en kamikazes par les djihadistes dans les quatre pays de la région du lac Tchad -- Nigeria, Niger, Cameroun et Tchad --, précise le Fonds des Nations unies pour l'enfance dans un communiqué. Il y en avait eu neuf pendant la même période l'an dernier et 30 sur l'ensemble de 2016, en grande majorité des filles, ajoute l'Unicef. Depuis le début de son insurrection il y a huit ans, Boko Haram a enlevé des milliers de jeunes filles qui sont la plupart du temps violées et utilisées comme esclaves, épouses ou pour commettre des attentats-suicides. "Ces enfants sont des victimes, pas des auteurs d'attentat", souligne Marie-Pierre Poirier, la directrice régionale de l'Unicef pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale. "Les contraindre ou les inciter à commettre de tels actes horribles est condamnable." L'Unicef relève aussi que les enfants qui réussissent à échapper à leurs ravisseurs soient souvent emprisonnés par les autorités de leurs pays d'origine et rejetés par la société et leurs propres familles. "Le rejet de ces enfants par la société et leur sentiment d'isolement et de désespoir pourrait les rendre plus vulnérables aux promesses de martyre", prévient le rapport. Sur les quelque 2,3 millions de personnes déplacées par le conflit dans la région du lac Tchad, 1,3 million sont des enfants. L'Unicef déplore enfin que la réponse de la communauté internationale ne soit pas à la hauteur des besoins puisque moins de la moitié des 154 millions de dollars qu'elle avait demandés l'an dernier lui ont été versés tandis que les promesses d'aide humanitaire reçues par l'Onu pour 2017 s'élevaient fin février à moins du tiers des 1,5 milliard de dollars espérés. (Paul Carsten; Tangi Salaün pour le service français)