Boeing : grève massive des salariés dans la région de Seattle, dans un contexte de crise interne

Malgré des concessions du constructeur américain pour éviter une grève en pleine crise interne, salariés et syndicats n’ont pas été convaincus.

ÉTATS-UNIS - Les galères s’enchaînent pour Boeing, déjà confronté à des incidents à répétition sur ses appareils. Les salariés de l’avionneur américain de la région de Seattle, aux États-Unis, ont voté à une très large majorité en faveur d’une grève avec effet immédiat ce vendredi 13 septembre.

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Alors que le constructeur Boeing traverse une zone de turbulence de longue durée, entre une crise financière interne et une réputation mise à mal par un enchaînement de problèmes de sécurité ayant fait de nombreuses victimes, les choses ne sont visiblement pas près de s’améliorer. D’autant plus que Boeing vient à peine de nommer son nouveau directeur général, Kelly Ortberg, dont la principale mission est de redresser l’entreprise au plus vite.

Les salariés de Seattle ont en effet rejeté la nouvelle convention collective proposée par l’avionneur américain en difficulté, a annoncé leur syndicat. Une grève qui a d’ailleurs été votée à 96 %, a précisé Jon Holden, président du syndicat des machinistes IAM-District 751.

« Nous ferons grève à minuit », ce vendredi, a-t-il ajouté. De ce fait, ce sont plus de 30 000 ouvriers − travaillant sur la production du 737 Max et du 777 − dans les régions de Seattle et Portland qui ont cessé de travailler. Vendredi matin, Boeing s’est dit « engagé » dans les négociations, malgré le vote des salariés en faveur de cette grève.

Dans la nouvelle convention collective rejetée, les salariés auraient bénéficié d’une augmentation salariale de 25 % sur quatre ans. L’accord préliminaire rejeté par les travailleurs comprenait un engagement d’investissements dans la région et la promesse de Boeing de construire son prochain avion commercial à Seattle, assurant des emplois pour plusieurs décennies dans la région. Pas suffisant pour convaincre l’ensemble des salariés, alors que le syndicat avait notamment pour objectif d’apporter une augmentation de salaire de 40 %, selon la BBC.

Le précédent accord entre salariés de Boeing et l’avionneur avait été conclu en 2008, à l’issue d’une précédente grève de huit semaines. Un scénario que Boeing cherchait à tout prix à éviter en faisant autant de concessions. Kelly Ortberg avait d’ailleurs tenté de faire pression sur les travailleurs juste avant le vote, en rappelant qu’une grève mettrait en péril la « reprise » de l’entreprise.

Il a ainsi exhorté les employés à ne pas « sacrifier » les progrès futurs à cause de « frustrations liées au passé ». Car la grève risque de paralyser la production du 737, du 777 et du 767 cargo, dont les livraisons cumulent déjà les retards. Une situation d’autant plus problématique que l’avionneur encaisse la plus grosse partie du paiement (environ 60 %) à la remise des avions.

Selon les analystes de TD Cowen cités par l’AFP, une grève de 50 jours priverait Boeing de 3 à 3,5 milliards de dollars de liquidités et aurait un impact de 5,5 milliards sur le chiffre d’affaires. Une semaine après sa prise de fonction, Kelly Ortberg s’était engagé à « réinitialiser » la relation avec l’IAM. Mais à la lecture de l’accord, de nombreux syndiqués ont réagi négativement et plaidé pour un arrêt de travail. Et selon les travailleurs, l’accord était bien moins généreux que ne l’affirmaient les dirigeants de Boeing.

Pas de quoi arranger les affaires de Boeing donc, dont la situation financière est plus que précaire depuis le crash de deux 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, ayant coûté la vie à 346 personnes.

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