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Bob Woodward : l'homme qui fait trembler les présidents

Sûr de mettre la star du « Washington Post » dans sa poche, Donald Trump lui a parlé 18 fois. Mais, dans « Rage », le journaliste est impitoyable. Comme avec Nixon, Bush et même Obama avant lui

Quand Bob Woodward entre dans le bureau Ovale, ce 13 décembre 2019, afin d’interviewer Donald Trump pour son nouveau livre, le président sort le grand jeu. Il lui fait visiter les lieux, que le journaliste connaît pourtant bien. « Ça, c’est la Monica Room », dit-il en lui montrant l’antichambre où Clinton avait ses habitudes avec la jeune stagiaire. Puis il déploie devant lui plusieurs photos le montrant en compagnie de Kim Jong-un en Corée du Nord. « Regardez, c’est historique. Aucun de mes prédécesseurs ne s’y était rendu. Plutôt cool, non ? » Il insiste pour lui donner un des clichés. Trump est aux anges. Il a face à lui une icône de la presse, couverte de prix prestigieux, dont le Pulitzer. Woodward, 77 ans, parle très lentement, comme un professeur érudit. Il y a deux ans, il a déjà écrit un livre très négatif sur lui, « Peur » ; mais c’était, veut croire le président, parce qu’il n’y avait « pas participé ». Pour « Rage », ce nouvel opus (le vingtième du journaliste !) sorti le 15 septembre, avec un tirage record de 1,3 million d’exemplaires, il a décidé de s’impliquer. « Voyons si nous pouvons faire un bon livre ensemble », a-t-il lancé. Comme si c’était le genre de Woodward de faire des livres à la gloire des maîtres de la Maison-Blanche…

Bob Woodward s’est fait un nom en pulvérisant les neuf présidents américains sur lesquels il a écrit. Le premier fut Richard Nixon. C’était en 1974. Woodward commence à s’intéresser à lui le 17 juin 1972 très exactement, quand il se met à enquêter sur de curieux cambrioleurs entrés par effraction au siège du Parti démocrate, situé dans l’immeuble du Watergate, pour y poser des micros. L’un d’eux est lié au comité de réélection de Nixon et à la CIA…

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