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BNP Paribas annonce une réorganisation de ses activités

par Julien Ponthus et Maya Nikolaeva

PARIS (Reuters) - BNP Paribas a lancé vendredi un plan de transformation de son pôle Corporate and Institutional Banking (CIB) afin de l'adapter aux contraintes réglementaires et d'améliorer sa rentabilité alors que de nombreuses banques ont été contraintes de drastiquement réduire la voilure sur ce terrain.

Annoncé à l'occasion de résultats annuels 2015, où la banque a rassuré ses investisseurs sur sa capacité à augmenter ses fonds propres, cette stratégie a été saluée sur les marchés dans la matinée avec une hausse de près de 5% du titre BNP Paribas.

La banque au logo vert, dont la capitalisation boursière a fondu de plus de 20% depuis le début de l'année prépare aussi pour l'ensemble du groupe un plan stratégique à l'horizon 2020 qui devrait être communiqué dans les 12 prochains mois.

"CIB gagne aujourd'hui des parts de marché dans un contexte de repli de certains concurrents", se félicite dans un communiqué la banque pour qui "une nouvelle étape d'adaptation de CIB est aujourd'hui cependant nécessaire pour faire face aux nouvelles contraintes".

Très attendue par les investisseurs, cette réorganisation sera déclinée sur plusieurs axes stratégiques.

Un programme d'économies aura ainsi comme objectif de parvenir à un milliard d'euros d'économies de coûts d'ici 2019.

La banque de la rue d'Antin veut parallèlement rationaliser l'allocation de son bilan sur les métiers, pays et clients les plus prometteurs, tout en visant une réduction brute de 20 milliards d'euros des actifs pondérés.

Elle veut ainsi développer des métiers moins gourmands en capital et plus générateurs de commissions, comme le conseil ou les services aux clients.

Au total, le pôle CIB vise "une croissance annuelle moyenne des revenus de 4% entre 2015 et 2019, une amélioration du coefficient d'exploitation de huit points et une amélioration du résultat avant impôt de 1,6 milliard d'euros par rapport à 2015", résume la banque.

Le patron de la division, Alain Papiasse, a précisé que d'éventuelles suppressions de postes seraient déterminées au cours de la mise en oeuvre du plan.

BNP Paribas s'est félicité des performances actuelles de CIB "malgré un contexte de marché attentiste et nerveux", alors que des concurrents comme Deutsche Bank ont souffert ces derniers mois dans la banque d'investissement.

En 2015, le résultat avant impôt de CIB a progressé de 17,9% à 3,329 milliards d'euros (+7,6% à périmètre et taux de change constants).

BNP BÉNÉFICIE DE LA COMPARAISON AVEC UBS, CREDIT SUISSE

Le directeur général Jean-Laurent Bonnafé s'est voulu rassurant face à la volatilité des marchés financiers, perturbés par la chute des prix du pétrole et des matières premières, la chute de la croissance des pays émergents et l'incertitude liée à la politique monétaire des Etats-Unis et de la zone euro.

"Nous regardons évidemment de près les évolutions en Asie et les développements qui lui sont liés mais nous n'avons actuellement aucune raison de nous attendre à une dégradation du coût du risque", a assuré Jean-Laurent Bonnafé.

Le résultat net du quatrième trimestre a constitué une ombre au tableau plutôt positif de son activité en 2015, ce chiffre, à 665 millions d'euros, est inférieur au consensus Reuters (845 millions), après une dépréciation d'actifs de 0,9 milliard sur la filiale italienne BNL.

"Au final, cette publication, qui parait sous les attentes en raison du résultat net, est de grande qualité relativement aux autres banques", estime le broker Aurel BGC dans une note.

BNP Paribas a ouvert vendredi la saison des résultats annuels des banques françaises alors que des groupes européens ont fait part de résultats décevants, comme Credit Suisse avec sa première perte annuelle depuis 2008 ou UBS avec une division gestion de fortune en berne.

"Les chiffres ne sont pas formidables mais ils sont toujours meilleurs que ceux d'UBS et de Crédit Suisse cette semaine", a commenté François Savary, qui dirige à Genève l'investissement de Prime Partners, un actionnaire de BNP.

L'établissement bancaire français a dépassé les attentes en terme de fonds propres en augmentant sur trois mois de 20 points de base son ratio de solvabilité "Common Equity Tier 1" (CET1), à 10,9% alors que le marché n'attendait que 10,8%.

(Avec Alexandre Boksenbaum-Granier et Sudip Kar-Gupta à Londres, édité par Jean-Michel Bélot)