Les blouses blanches voient rouge

Climatiques

Le 29 novembre, alors que le Black Friday battait son plein au cœur de Bruxelles, les clients des galeries Inno (l’équivalent des Galeries Lafayette en France) ont pu assister à un événement inhabituel. Pendant que des militants placardaient alentour des affiches interrogeant en grosses lettres “Quel futur voulons-nous ?”, plusieurs scientifiques de haut vol, tous en blouse blanche, ont disposé des chaises devant l’entrée du grand magasin avant de se lancer dans une conférence improvisée sur le changement climatique et l’urgence de mettre un terme à la surconsommation.

Aperçues de plus en plus souvent hors des laboratoires et des universités, ces blouses blanches sont devenues le signe distinctif des membres de Scientist Rebellion, un collectif de chercheurs et d’universitaires né en 2020 au Royaume-Uni qui a essaimé depuis dans plus d’une vingtaine de pays.

Les conférences sauvages sont loin d’être leurs actions les plus spectaculaires. À Londres, ils ont aspergé de peinture le siège de la Royal Society, l’équivalent de notre Académie des sciences. À Munich, ils ont envahi un show-room du constructeur BMW et se sont collé les mains aux véhicules exposés. À Glasgow, ils ont bloqué la circulation sur le pont George-V. À Paris, ils ont occupé la galerie de paléontologie du Muséum d’histoire naturelle ou encore perturbé une assemblée générale de BNP Paribas. À Lausanne, la directrice du Centre pour l’impact et l’action climatique (Climact), Julia Steinberger, s’est allongée sur le bitume de l’autoroute A6, ce qui lui a valu une arrestation mouvementée. À Los Angeles, le climatologue Peter Kalmus s’est enchaîné à la porte de la banque JPMorgan Chase.

Scientist Rebellion n’est pas le seul collectif de chercheurs engagés. Mais son originalité, c’est le recours à la désobéissance civile non violente. Un mode d’action assez inédit dans les milieux académiques. “L’accord de Paris, signé lors de la COP21, en 2015, avait suscité un grand optimisme. Il semblait possible de changer la donne, explique l’écologue et géographe allemand Wolfgang Cramer dans le quotidien Le Soir. Nous avons, à la demande des gouvernements, planché sur les mesures nécessaires pour limiter la hausse de la température moyenne à 1,5 °C. Mais quand notre rapport est sorti, les gouvernements n’ont pas compris – ou pas voulu comprendre – qu’une transformation majeure de notre système économique était impérative.”

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