Les Débrouillards : Le poids de Twitter

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Il y a quelques jours, un mouvement monstre de solidarité et de grogne populaire a explosé sur Twitter afin de dénoncer les compressions touchant notamment le magazine Les Débrouillards. Devant le tollé, Québec a finalement reculé sur son intention de couper dans la vulgarisation scientifique.

Twitter et Facebook peuvent-ils faire reculer un gouvernement? Faire abandonner un projet d’une entreprise privée? Soutenir une cause jusque là ignorée? «Oui et non», dit Michelle Blanc, spécialiste en marketing web et réseaux sociaux. «Ça fait beaucoup de bien au moral de ceux qui y participent, mais quel impact concret peut-on y associer?»

Dans le cas des Débrouillards, par exemple, difficile de dire à quel point le mouvement #Sanslesdébrouillards a pu jouer un rôle dans la décision du gouvernement de revenir sur ses intentions de compressions : «Est-ce à cause de Twitter? Des médias traditionnels? Du fait que le père de Philippe Couillard était un scientifique? Difficile de tracer la ligne», avance Michelle Blanc. Pour elle, il s’agit plutôt d’un ensemble d’éléments et de facteurs. «Les réseaux sociaux n’évoluent pas en vase clos. Ils s’inscrivent dans une série de moyens de pression», explique-t-elle.

Ainsi, les médias sociaux s’enflamment, et la nouvelle est ensuite reprise au téléjournal et dans les journaux: l’effet boule de neige est parti, et les stratèges politiques finissent par évaluer l’importance du mouvement.

Entreprise, organisme de charité ou politique ?

Dans le domaine politique, l’impact de la voix citoyenne sur les réseaux sociaux, aussi criante soit-elle, reste timide. Il y a quelques années, un énorme mouvement sur Twitter avait réclamé la démission de Jean Charest, rappelle Michelle Blanc, le sourire dans la voix. «Il faut être réaliste. Il est certain que si un projet suscite une désapprobation majeure ou unanime, les décideurs en tiendront compte. Mais il reste difficile d’influencer un gouvernement élu pour quatre ans…», croit-elle.

Pour les compagnies, l’impact d’un mouvement de grogne massif sur les réseaux sociaux peut toutefois avoir un impact direct, et concret. «Pour une entreprise, le vote ne se fait pas aux quatre ans, mais plutôt à tous les jours à la caisse», souligne l’experte en médias sociaux. Elle rappelle l’exemple de l’appel au boycott des pâtes Barilla, après des propos homophones du patron de la compagnie. Le mouvement est devenu viral, et les ventes des célèbres pâtes ont été affectées.

Pour ramasser de l’argent pour une fondation, ou pour sensibiliser la population à une cause, les médias sociaux sont également puissants. On en a d’ailleurs vu plusieurs exemples, comme le Ice Bucket Challenge. La clé du succès: la rapidité du mouvement, qui entraine une viralité foudroyante.