Le premier anniversaire martien de Curiosity

C'était une année martienne complète (687 jours) pour la sonde Curiosity qui a été célébrée, le 24 juin dernier.

Elle a surpassé les 365 jours (une année terrestre) prévus à l'origine pour son usage, indique André Bordeleau, animateur scientifique au Planétarium Rio Tinto Alcan: «Lancée le 26 novembre 2011, Curiosity a touché le sol martien le 6 août 2012 au sud de l'équateur. [Comme elle fonctionne toujours] la sonde continuera sa mission pour une période indéterminée.»

Après une orbite complète du Soleil sur la surface de la planète rouge, Curiosity a parcouru environ 8 km. Véritable laboratoire roulant, la sonde a analysé la composition du sol et des roches.

«On la dirige maintenant vers le mont Sharp, situé à 5 km d'elle afin d'explorer les strates géologiques de cette montagne, en plus d'un glacier large de 5 à 8 km», indique l'animateur du Planétarium.

Curiosity devrait atteindre le pied de la montagne vers Noël. Son chemin a été quelque peu rallongé, car ses roues (métalliques) ont subi l'effet des roches particulièrement pointues de la surface martienne. M. Bordeleau précise : «Elles ont causé des trous dans les roues avant, on a donc choisi de changer son itinéraire en empruntant un chemin plus sableux et de faire avancer la sonde à reculons pour lui épargner ses roues endommagées.»

La sonde quitte le grand cratère Gail dans lequel on l'avait descendu auparavant. «Il s'agissait de l'un des endroits les plus bas de Mars. Curiosity a confirmé qu'il s'agissait d'un ancien lac où se trouvait tous les éléments propices à la vie: le carbone, l'azote, l'oxygène et l'hydrogène, mais le seul élément manquant est le méthane… un produit créé par les formes de vie.»

Il n'y a donc pas eu de preuves directes que Mars a déjà été habitée… même si elle a été «habitable».

Parmi les observations majeures de Curiosity - par exemple, la confirmation d'eau liquide dans le passé de la planète, la sonde a été en mesure d'éclaircir quelques autres énigmes martiennes...

«On sait qu'il y a très peu de radiation cosmique qui frappe la surface de la planète. Cela indique qu'il serait un jour possible pour les humains d'y habiter. Le sous-sol est aussi moins dur que prévu, ce qui est bon pour le programme d'Insight où, en 2016, on enverra une sonde sur Mars qui est équipée pour un forage à 5 m dans le sol.»

Un élément canadien et français

Parmi les 10 outils servant à l'exploration de Mars à bord de Curiosity, il y en a un qui a été fabriqué au Canada. Il s'agit de l'Alpha Particule X-Ray Spectrometer (APXS). De la taille d'un cube Rubiks, l'instrument est d'une valeur de 17,8 millions $. Payé par l'Agence spatiale canadienne et conçu par le Dr Ralf Gellert de l'Université Guelph en Ontario, l'APXS sert à déterminer la composition des roches.

La France a également contribué à la panoplie d'instruments de ce laboratoire roulant. L'instrument français ChemCam est un laser qui peut détecter la composition d'une roche située jusqu'à 9 m de la sonde. Il a procédé à plus de 100 000 tirs et à plusieurs forages profonds.

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