La camisole de force pour la Corée du Nord



C’est la réponse à la stratégie du fou qui semble animer le président nord-coréen. Une noté diffusée par le New York Times confirme ce que l’on pouvait subodorer depuis quelques jours. Face à l’escalade de Pyongyang, Washington  applique une stratégie de contre provocation, qui a pour but de "répondre de la même façon" immédiatement mais proportionnellement à la Corée du Nord. Chez moi on aurait dit "coup pour coup",  mais cela aurait sans doute manqué de finesse sémantique. Donc "contre provocation".

C’est dans cet esprit que les Américains ont demandé aux Sud-Coréens d’envoyer deux bâtiments de guerre au large des côtes de la Corée du Nord, face aux deux missiles moyenne portée (3000 kilomètres tout de même) qui venaient d’y être acheminés par train. De même, si Pyongyang bombardait le Sud, Séoul, aidé par les Américains, répondrait par un tir de même intensité avec le même type d’armement. Tu bouges, je bouge. Mais c‘est aussi cette stratégie qui fait  que le nouveau ministre de la défense américain, Chuck Hagel, a demandé d’annuler le tir d‘essai d’un missile intercontinental à ogive nucléaire  prévu de longue date en Californie. Cela pour éviter que l'essai "puisse être considéré comme exacerbant la crise avec la Corée du Nord", a dit très diplomatiquement le chef du Pentagone, retenue peu fréquente en général du côté des militaires américains.

Des militaires qui restent sur le qui-vive. Le général Thurman, qui commande les troupes américaines en Corée du Sud et qui de fait pilote les opérations avec l’état-major sud-Coréen, a annulé un déplacement prévu à Washington pour éclairer les parlementaires américains sur la situation. Mais comme en 24 heures tout peut changer…

On voit dans cette crise que les stratèges américains ont ressorti leurs manuels datant de la guerre froide. Avec les Nord-Coréens, ils ont un adversaire qui pense et agit toujours comme à l’époque de la guerre froide. Ce n’est pas un hasard si Fidel Castro est sorti de sa réserve ce week-end pour conseiller à Kim Jong-Un de se calmer un peu. Lui, Castro qui avait tenu la dragée haute à Kennedy dans l’affaire des missiles en 1962.

C’est une crise d’un autre temps, d’une autre époque que nous vivons. Seule bonne nouvelle, si à Pyongyang l’horloge est restée bloquée à 1950, à Washington elle a continué de tourner. Car en 1953 le prédécesseur du général Thurman s’appelait Mac Arthur. Le grand Mac Arthur qui, voyant que la guerre de Corée contre le nord pro-soviétique s’enlisait, demandait à Washington le feu vert pour balancer une bombe atomique et régler le problème. La Maison blanche lui avait répondu par la négative. Depuis, Thurman ne réclame plus que l’on vitrifie Pyongyang. C’est ce que l’on doit appeler le progrès de la civilisation...