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Comme en 14

Juste avant d’entrer en scène, Jean-Yves Jouannais a besoin d’un coup de fouet. En ce moment, il teste un cocktail brésilien, la caïpirinha, qui lui permet de rejoindre le public sans abandonner cet air soucieux propre aux personnages de Sempé. Pas de costume, il est en jean, la chevelure ébouriffée, style Petit Prince. Pendant une heure et demie, au sous-sol du Centre Pompidou, il échafaude des théories et des raccourcis, à base de citations littéraires et d’extrait de films, qui n’ont qu’un dénominateur, la guerre. D’où le titre de ce one man show insolite, l’Encyclopédie des guerres, lancé en septembre 2008 et qui devrait se terminer, si tout se passe bien, en 2030 : «Je m’engage dans quelque chose de définitif. C’est la première fois de ma vie que je n’ai pas peur.» Le rendez-vous est mensuel, et l’ambiance électrique. Car Jouannais, qui en est à la lettre E (comme épitaphe) mais qui chahute parfois l’alphabet, ne sait pas lui-même de quoi il va parler. Il improvise et jongle avec mots et images. Ce qui donne, lors de la séance du 28 octobre dernier, un parallèle curieux entre Augustin Bouvet (Bourvil dans la Grande Vadrouille) balançant son seau de peinture sur un soldat allemand et les étincelles flamboyantes de l’artiste américain Jackson Pollock. Bruissements dans la salle, bientôt s’enflammant quand Jouannais raconte que sa mère lui a offert pour ses 46 ans, le 17 août, la Guerre sans haine du maréchal Rommel. A l’intérieur, ce mot doux : «Bravo pour ta belle réussite. Je suis toujours très fière de toi. Tendres bisous.» Pour le monde de l’art, Jouannais a réussi. Pendant neuf ans, de 1991 à 1999, il a été rédacteur en chef de la revue la plus obstinée à défendre les artistes contemporains et à cingler leurs censeurs, Art press. Directrice de la rédaction : Catherine Millet, celle qui a écrit la Vie sexuelle de Catherine M. Sans indiscrétion, comment