Blocage des transferts d'argent privé: Montebourg reconnaît "une erreur" et rejette la mesure

Sa proposition, dimanche, de bloquer le transfert d'argent privé vers les pays refusant d'accueillir les étrangers expulsés par la France, a ulcéré à gauche, et troublé jusqu'au sein de son camp. Arnaud Montebourg a fait, sans ambages, machine arrière ce vendredi au micro de notre journaliste Jean-Jacques Bourdin.

"Vous utilisez un mot que je ne peux employer mais je pense que nous sommes en communion de pensée". C'est en ces termes qu'Arnaud Montebourg, candidat à la présidentielle, a reconnu ce vendredi sur notre antenne avoir fait une "connerie" - approuvant l'expression suggérée par notre journaliste Jean-Jacques Bourdin -, en proposant de bloquer les transferts d'argent privé vers les États refusant d'accueillir leurs ressortissants expulsés par la France.

"Je me suis fait engueuler"

Il avait proposé cette mesure lors du Grand Jury-RTL dont il était l'invité dimanche dernier. Une idée qui l'a enfermé dans une semaine de controverse face à une gauche ulcérée, et l'a conduit à enchaîner les mea culpa.

"C’était une erreur, cette mesure ne sera pas au programme", a-t-il enfin rejeté sur BFMTV ce vendredi.

Et non seulement cette hypothèse consistant à entraver ces fonds privés pour obtenir des accords interétatiques a soulevé une bonne partie de la gauche mais elle a agité jusqu'au sein de son propre camp... et même son intimité à en croire le prétendant à l'Elysée.

"Je me suis fait engueuler par ma famille – qui le fait, transfère de l’argent à des grands-mères. C’est une nécessité. J’ai partagé l’émotion", a-t-il confié.

Une campagne qui continue "malgré les vicissitudes"

Soucieux de s'expliquer, Arnaud Montebourg a tenu à rappeler: "Nous avons un problème avec l’exécution de décisions très importantes, autour des délinquants parfois dangereux que l’administration essaie de raccompagner dans leurs pays d’origine". Il a d'ailleurs infirmé avec force avoir entretenu une quelconque forme de confusion entre ces délinquants et les travailleurs procédant à des transferts d'argent.

"Je n’ai pas dit ça, je ne jetterai jamais le soupçon sur ceux qui travaillent dur et pratiquent l’entraide familiale ! Jamais !"

"Ma proposition n’a pas pour but de mettre les familles en difficulté", a-t-il ajouté, posant: "Ma proposition, c’est de taper les États au portefeuille". L'ancien ministre du Redressement économique a fait valoir: "Nous entrons dans un monde conflictuel et des sanctions économiques vont devoir s’exercer et avoir des conséquences". Il a d'ailleurs livré quelques alternatives à sa malheureuse mesure initiale, évoquant des "suppressions des visas, gels des avoirs, la fin de l’aide bilatérale".

Affaibli par la polémique, politiquement isolé au sein d'une famille politique fragmentée, sans ressort dans les sondages, Arnaud Montebourg a toutefois garanti que sa campagne continuait "malgré les vicissitudes". Il a en voulu pour preuve les "220 à 230" promesses de parrainage déjà glanées selon lui auprès des élus.

Article original publié sur BFMTV.com

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