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Blocage au Parlement irakien, combats au nord de Bagdad

par Ahmed Rasheed et Maggie Fick BAGDAD (Reuters) - Le Parlement irakien a reporté à mardi, faute de consensus, sa séance prévue ce dimanche qui visait à s'entendre sur la formation d'un nouveau gouvernement, alors que des combats faisaient rage entre forces gouvernementales et islamistes à 70 km au nord de Bagdad. Les députés devaient s'entendre sur le nouveau gouvernement mais aussi sur le nom du prochain chef de l'Etat ainsi que sur celui du nouveau président du Parlement, trois mois après les élections législatives d'avril. Le Premier ministre chiite Nouri al Maliki, dont la coalition est la première force au Parlement, entend obtenir un troisième mandat mais se heurte à la vive opposition des sunnites et des Kurdes qui l'accusent d'avoir depuis trop longtemps ignoré les intérêts de leurs communautés. Au sein même de la communauté chiite, majoritaire dans le pays, des voix se sont élevées pour réclamer le départ du Premier ministre. L'impasse politique se poursuit alors que les groupes armés djihadistes, appuyés par d'anciens partisans de Saddam Hussein, ont marqué des points ces dernières semaines dans le nord et l'ouest du pays, s'approchant de la capitale. La principale coalition sunnite a décidé de présenter la candidature de Salim al Djabouri, un islamiste modéré, à la présidence du Parlement. Elle a accusé Maliki de "torpiller" cette initiative car le Premier ministre exigerait en échange que cette coalition sunnite l'appuie pour un nouveau mandat. COMBATS À DHOULOUIYA "C'est quelque chose que nous ne pouvons pas accepter", a dit Saleh Moutlak, un responsable politique sunnite. Sur le front, les djihadistes ont attaqué aux premières heures de dimanche Dhoulouiya, à seulement 70 km au nord de Bagdad, s'emparant de plusieurs bâtiments administratifs, ont rapporté des policiers et des témoins. Les islamistes à bord de 50 à 60 véhicules ont fait irruption dans la ville en pleine nuit et ont pris le contrôle de la mairie. Les insurgés de l'Etat islamique (ex-EIIL) se sont emparés de vastes régions du nord et de l'ouest de l'Irak lors d'une offensive éclair au mois de juin. Ils avaient été repoussés hors de Dhoulouiya le 14 juin par des troupes gouvernementales appuyées par des hommes de la milice chiite Assaïb Ahl al Haq. Des combats opposaient dimanche dans Dhoulouiya des policiers et des miliciens aux insurgés. Quatre policiers ont été tués de même que deux combattants sunnites et deux civils. Les insurgés ont bombardé en outre un pont reliant Dhoulouiya à une ville chiite voisine, Balad. L'ARMÉE REPREND DEUX VILLES Dans la province de Diyala, au nord-est de la capitale, l'armée a repris les villes de Sadour et de Naoufal, ainsi que plusieurs quartiers de Moukdadiya, après plusieurs jours de combats, a annoncé un porte-parole militaire. Un message audio attribué à Ezzat Ibrahim al Douri, qui était le bras droit de l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein, invite les Irakiens à rejoindre la lutte pour la "libération" de l'Irak et de Bagdad. Dans ce message diffusé sur un site internet proche du parti Baas, désormais interdit, un homme dont la voix ressemble à celle d'Al Douri, le plus important responsable du régime de Saddam Hussein encore en fuite, loue l'offensive des insurgés sunnites en Irak. "Rejoignez les rangs des rebelles qui ont libéré la moitié du pays", dit l'homme. "La libération de Bagdad est à portée de main. Tout le monde devrait contribuer, avec ses moyens, à la libération de notre pays bien aimé parce qu'il n'y a ni honneur ni dignité sans liberté", poursuit-il. Bien qu'âgé et, dit-on, en mauvaise santé, Ezzat Ibrahim al Douri dirigerait l'Armée de Naqshbandi, un groupe sunnite composé d'anciens soldats de l'armée irakienne qui s'est allié aux djihadistes de l'Etat islamique. (Avec Raheem Salman à Bagdad; Tangi Salaün, Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)