Blaise Pascal, orfèvre du calcul
En 1642, Blaise Pascal conçoit une machine arithmétique capable de réaliser les additions et soustractions de nombres très grands. Mais au-delà de cet exploit technique, le génie du mathématicien est à rechercher ailleurs, dans ses explorations de domaines encore vierges comme les probabilités ou le calcul infinitésimal.
Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir n°929/930, daté juillet/ août 2024.
Le jeune homme a 19 ans, un père très cultivé et attentif à l'éducation de ses enfants ; par ailleurs riche receveur des finances pour le roi. Blaise Pascal fait preuve d'une intelligence si vive qu'il a été accueilli, très tôt, dans le cercle savant et philosophique animé par le père Marin Mersenne qui tient séance chaque mercredi, au couvent des Minimes, à Paris. Les plus remarquables savants de France et d'Europe fréquentent cette académie.
On y rencontre Étienne Pascal, le père, Roberval, Christiaan Huygens, Thomas Hobbes, Pierre Gassendi, Girard Desargues, Jean de Beaugrand, etc. Peut-être est-ce Marin Mersenne qui lui suggère de s'intéresser à la possibilité de réaliser automatiquement les opérations arithmétiques. Il savait, par les antennes dont il disposait dans toute la "République savante" européenne, que cette perspective était ouverte. Johannes Kepler aura pu lui faire connaître la réalisation presque aboutie d'une telle machine par l'astronome Wilhelm Schickard en 1624.
La Pascaline voyait le jour en 1645
En 1642 donc, Blaise Pascal conçoit une machine arithmétique capable de réaliser les additions et soustractions de nombres très grands, dans des bases numériques décimales pour la version "scientifique", mais aussi en base six ou en base 12, ou 20, selon les usages auxquels elle est destinée. On pourra aussi multiplier et diviser par additions ou retraits successifs. La partie théorique, abstraite, intellectuelle de l'affaire est rapidement accomplie : "J'ai employé à cette recherche, écrit-il, toute la connaissance de mes premières études dans les mathématiques. Les lumières de la géométrie, de la physique et de la mécanique m'en fournirent le dessein. " Le plus dur et de loin restait à faire : réaliser concrètement ce qu'il avait conçu et confié au papier, avec des plans très précis.
Ceci prendra deux années pleines. Il fallut trouver "un ouvrier qui possédât p[...]