Blackstone veut prendre 55% de la division F&R de Thomson Reuters

par Pamela Barbaglia

LONDRES (Reuters) - Le fonds d'investissement américain Blackstone Group est en discussions avancées pour acquérir environ 55% de la division Financial & Risk de Thomson Reuters, qui serait ainsi valorisée environ 20 milliards de dollars (16 milliards d'euros), dette incluse, a-t-on appris de trois sources proches de l'opération.

Selon ces sources, le conseil d'administration de Thomson Reuters doit se réunir ce mardi pour examiner l'offre présentée pour cette division qui commercialise des informations, des données et des analyses aux banques et aux sociétés d'investissement partout dans le monde.

Dans un communiqué publié lundi soir, Thomson Reuters indique être en "discussions avancées avec Blackstone au sujet d'un éventuel partenariat pour ses activités F&R", sans plus de détails.

Contactée, une porte-parole de Blackstone s'est refusée à tout commentaire.

En cas de feu vert du conseil d'administration, cette opération représenterait la restructuration la plus importante depuis le rachat il y a une décennie de Reuters Group par Thomson Corp, à l'époque pour 8,7 milliards de livres, soit 17 milliards de dollars au taux de changes alors en vigueur.

Pour contribuer au financement de l'opération, le nouveau partenariat F&R prendrait à sa charge plus de 13 milliards de dollars de dettes nouvelles tandis que Blackstone débourserait environ quatre milliards en numéraire, ont dit deux des sources. Ce montage donnerait à la division, qui contribue à plus de la moitié du chiffre d'affaires annuel de Thomson Reuters, une valorisation d'environ 20 milliards de dollars, ont ajouté les sources.

Le titre Thomson Reuters coté à New York bondissait de plus de 10% dans les échanges avant l'ouverture alors que Blackstone cédait un peu plus de 1% dans de faibles volumes.

Selon les termes de l'offre présentée par Blackstone, Thomson Reuters conserverait environ 45% de sa division F&R dans le cadre d'un partenariat avec la société américaine.

Reuters n'était pas immédiatement en mesure de préciser qui dirigerait la nouvelle entité.

REUTERS NEWS RESTE PROPRIÉTÉ DE THOMSON REUTERS

Les sources ont précisé qu'en cas d'accord, Thomson Reuters conserverait sa division d'information, Reuters News, ainsi que ses divisions Legal and Tax et Accounting.

Reuters devrait continuer à fournir des nouvelles pour le produit phare de F&R, Eikon, et d'autres services sans que les détails de ce volet de l'opération aient pu être précisés.

Si l'opération se concrétisait, Blackstone se placerait en concurrent direct de Bloomberg LP et de Dow Jones, l'agence détenue par News Corp, ont dit les sources.

Il ne s'agirait pas là de la première incursion de Blackstone dans le secteur de l'information puisque le fonds a racheté en 2014 Ipreo, spécialiste du logiciel de suivi de marchés, pour un peu moins d'un milliard de dollars.

Le groupe Thomson Reuters est actuellement contrôlé à plus de 63% par la famille Thomson, originaire du Canada, via son véhicule Woodbridge Co Ltd. Pris dans son ensemble, le groupe pèse près de 31 milliards de dollars de capitalisation.

Depuis sa création en 2008, Thomson Reuters a réalisé plus de 200 acquisitions sans toutefois toujours parvenir à intégrer ses nouveaux actifs, en particulier au sein de sa division F&R heurtée de plein fouet par la crise financière.

Ce secteur est confronté à une croissance qui tourne au ralenti, en raison notamment de la diminution des activités de trading de sa clientèle.

Pour raviver cette activité, Thomson Reuters a réduit la gamme de produits de sa division F&R tout en diminuant ses effectifs.

"Les progrès que nous avons réalisés pour redresser les activités de F&R et son potentiel à venir expliquent l'intérêt de Blackstone", a déclaré Jim Smith, directeur général de Thomson Reuters, dans un courriel adressé aux salariés du groupe.

"Nous pensons que F&R est parfaitement positionné au sein de Thomson Reuters, mais il pourrait l'être davantage encore avec un partenaire tel que Blackstone."

(Nicolas Delame et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Joanny et Wilfrid Exbrayat)