Black Friday 2022 : en profiter sans se faire avoir (et sans détruire la planète)
CONSOMMATION - Ça y est, le « Black Friday » est de retour ce vendredi 25 novembre. Et comme chaque année, cette courte période de soldes importée des États-Unis s’accompagne d’un ensemble de pratiques potentiellement néfastes pour le consommateur.
Promotions trompeuses, incitation à l’achat, ou même parfois arnaques sur des sites peu scrupuleux… Les ressorts utilisés par les industriels et les sites marchands pour vous faire acheter à tout prix (et en dépit des dommages causés sur l’environnement) sont nombreux.
Pour passer plus sereinement cette période, qui peut malgré tout aussi bien soulager vos porte-monnaie déjà en peine avec l’inflation, la rédaction du HuffPost vous a dressé un ensemble de bonnes pratiques à appliquer ces prochains jours.
Être conscient des injonctions à la consommation
Le « Black Friday » est vicieux. Comme les soldes classiques, il va « attiser le désir du consommateur grâce à de nombreux objets affichés moins chers », selon Valérie Guillard, professeure à l’université Paris Dauphine spécialisée en psychologie du consommateur. « L’acheteur peut alors se sentir très tenté, car il a l’impression de faire l’affaire du siècle, sans questionner son besoin », analyse-t-elle.
Pour donner quelques chiffres, les Français devraient dépenser 255 euros en moyenne pour cette semaine de fortes promotions, selon une étude de deux grands cabinets de conseil, BCG et PWC. Un montant de 8 % supérieur à celui de l’année dernière, et ce malgré l’augmentation du coût de la vie. D’après BCG, plus de 6 Français sur 10 seraient même enclins à participer au « Black Friday ».
À la différence des soldes classiques, qui durent habituellement deux semaines, la durée de ce « vendredi noir » (compris entre 1 et 4 jours) crée, selon la spécialiste, un « sentiment d’urgence » chez le consommateur : « À cause de ce marketing de la rareté, l’acheteur est tenté de se ruer vers l’achat, sans prendre le temps de réfléchir à son acquisition, ni à la nature de l’objet qu’il achète. » N’hésitez donc pas à vous demander si vous avez vraiment besoin de ce que vous vous apprêtez à acquérir.
Réfléchir à l’impact environnemental des achats
Une fois votre cerveau débarrassé du chant des sirènes de la surconsommation, il peut être judicieux de vous pencher sur l’impact environnemental de vos achats. Le « Black Friday » est vu par beaucoup comme un désastre écologique. En effet, plusieurs types d’objets à l’empreinte écologique particulièrement forte y apparaissent surreprésentés : l’e-commerce, la vente d’objets High-Tech et le secteur de la mode.
Si la vente en ligne est inhérente au « Black Friday » – c’est d’ailleurs le géant de l’e-commerce Amazon qui l’a imposé en France – acheter un objet sur le Net revient à décupler son bilan carbone, surtout lorsque vous vous faites livrer sur de courts délais. Notamment à cause de son transport (par camion, avion ou bateau) et des emballages nécessaires à son envoi. D’autant que la hausse du volume d’achats s’accompagne nécessairement d’une hausse des retours et donc d’un acheminement supplémentaire.
En outre, la mode et les objets électroniques sont les deux secteurs les plus représentés durant le « Black Friday ». Or, ils sont aussi les plus néfastes pour l’environnement. À titre d’exemple, pour récolter quelques grammes de minerais nécessaires à la fabrication d’une puce de smartphone, il faut excaver 200 kg de matières premières, illustre l’Agence de la transition écologique (Ademe).
Alors avant d’acheter un objet présenté avec une réduction alléchante lors du « Black Friday », n’hésitez pas à vous demander si l’état du vôtre nécessite vraiment un nouvel achat. Pour cela, posez-vous les bonnes questions : est-il abîmé ? Est-il réparable ? L’achat d’un article reconditionné ne serait-il pas plus intéressant (environnementalement et financièrement parlant) ?
Se méfier des fausses promotions…
Ça y est, après avoir défini vos besoins et soigneusement choisi l’objet de vos désirs, vous vous apprêtez à naviguer dans l’océan de promotions qui s’offre à vous. Mais si elles sont toutes alléchantes, elles s’avèrent bien souvent « trompeuses », comme le rappelle l’association de consommateur UFC Que Choisir.
« La première chose à savoir, c’est qu’à la différence des soldes, la vente à perte n’est pas autorisée pendant le Black Friday », averti Grégory Caret, directeur de l’Observatoire de la consommation d’UFC Que Choisir. « Donc plus les pourcentages affichés sont hauts, plus il faut se méfier », prévient-il, précisant que les prix affichés se situent en général à plus ou moins 1 % des prix du marché.
Depuis l’entrée en vigueur de la directive européenne Omnibus, les réductions du « Black Friday » sont encadrées par la loi. Ainsi, si une entreprise affiche « une réduction » sur un produit, elle doit obligatoirement afficher le prix le plus bas dans les 30 jours précédant la démarque.
Or, « pour donner l’illusion d’une promotion intéressante le jour J, les professionnels n’hésitent pas à gonfler les prix » pendant cette période, illustre Gregory Caret. Ainsi, un casque audio affiché en promotion et vendu 80 euros lors du « Black Friday » peut donc tout à fait avoir été vendu au même prix toute l’année, mais avoir été vendu plus cher le mois précédent.
...Mais aussi des arnaques
De la même manière, certains professionnels affichent aussi des prix initiaux issus des catalogues constructeurs. « Mais ces prix ne veulent rien dire, oppose le spécialiste. Car ils correspondent aux prix affichés au moment de la commercialisation et qu’ils sont toujours plus élevés que les prix observés en magasin. »
Pour rajouter un peu de confusion, les sites marchands n’hésitent pas à varier les dénominations (« prix conseillé par le fabricant », « prix de comparaison », « prix médian »…). Vérifiez donc bien que la mention « réduction » accompagnée d’un pourcentage apparaît, et n’hésitez pas à aller lire les informations cachées en bas de page lorsque vous faites des achats sur Internet.
De manière générale, l’incitation à l’achat qui accompagne ses périodes de promotions est souvent synonyme de fraudes et arnaques. Dans un communiqué, commun la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et le ministère de l’Économie pointent le risque de « faux sites marchands », de « faux avis », de « fraudes au reconditionnement » et de « vol de coordonnées bancaires ». En cas d’expérience malheureuse, n’hésitez pas à le signaler sur le site SignalConso (signal.conso.gouv.fr).
À voir également sur Le HuffPost :
Lire aussi