Birmanie: Des opposants à la junte se retirent de la ville de Mindat
(Reuters) - Des combattants d'une milice locale opposée à la junte birmane se sont retirés de la ville de Mindat dans le nord-ouest du pays après plusieurs journées d'assaut mené par l'armée, a annoncé dimanche l'un des combattants.
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont appelé l'armée à épargner les populations civiles et un contre-gouvernement d'unité nationale constitué de partisans d'Aung San Suu Kyi, dirigeante élue placée en détention, ont demandé une aide internationale.
Un porte-parole de la junte n'a pas répondu à des demandes de commentaire.
Les affrontements survenus à Mindat - ville située à une centaine de kilomètres de la frontière indienne - sont parmi les plus violents depuis le putsch du 1er février qui a déclenché un vaste mouvement de protestation avec des manifestations quotidiennes, des grèves et des actes de sabotage.
"Pour éviter les confrontations, nous avons engagé un retrait par crainte de dommages pour la ville", a déclaré un combattant, ajoutant que seuls les femmes et les enfants étaient restés dans la ville de plus de 40.000 habitants, en grande partie occupée désormais par l'armée.
"Puisque tous les garçons et les hommes sont impliqués dans ce combat, tous sont en fuite".
Le site internet RFA, fondé par les Etats-Unis, a cité un membre de cette organisation selon lequel cinq combattants ont été tués mais les pertes seraient nettement plus nombreuses dans l'armée.
La télévision Myawaddy, contrôlée par l'armée, a déclaré samedi qu'un millier de "personnes sans scrupules" avaient lancé des attaques avec des armes légères et des grenades artisanales ces derniers jours, et que certains membres des forces de sécurité avaient été tués et d'autres portés disparus.
APPELS DES ETATS-UNIS ET DE LA GRANDE-BRETAGNE
Les combats traduisent l'émergence de la "Force de défense du Chinland", qui compte parmi les organisations nées en opposition à la junte dans un pays qui comptait déjà une vingtaine de groupes ethniques armés.
Les combattants se revendiquent également des "Forces de défense du peuple" du contre-gouvernement.
"Nous voudrions enjoindre la communauté internationale de prendre des mesures immédiates pour mettre fin à toutes les violences de la Tatmadaw et pour protéger les habitants sans défense de Mindat", a déclaré le gouvernement d'unité nationale dans un communiqué en faisant référence au surnom de l'armée.
Les ambassades des Etats-Unis et de Grande-Bretagne ont fait part de leur préoccupation pour les civils de Mindat.
"L'usage par l'armée d'armes de guerre contre des civils, y compris cette semaine à Mindat, est une nouvelle démonstration supplémentaire des tréfonds jusqu'où le régime est prêt à aller pour se maintenir au pouvoir", déclare l'ambassade américaine dans un communiqué.
"Nous appelons l'armée à cesser les violences contre les civils".
La mission britannique a déclaré pour sa part que les preuves que des atrocités ont été commises devront être transmises à des enquêteurs des Nations unies "pour que les auteurs soient contraints d'en répondre".
Au moins 790 personnes ont été tuées par les forces de sécurité birmanes lors de la répression des manifestations, selon un groupe de défense des Droits de l'homme.
L'armée, qui conteste ce chiffre, impose des restrictions strictes sur les médias, l'information et Internet. Reuters ne peut pas vérifier de manière indépendante les arrestations et le nombre de victimes.
(Rédaction de Reuters, version française Gwénaëlle Barzic)