Birmanie: La police tire en l'air à Rangoun pour disperser des manifestants
(Reuters) - La police a dispersé vendredi en Birmanie des manifestants protestant contre le coup d'Etat militaire à Rangoun et Mandalayn, les deux plus grandes villes du pays, en faisant usage de grenades assourdissantes, de balles en caoutchouc et en tirant des coups de feu en l'air, selon des témoins.
Au moins une personne a été blessée lors d'une manifestation à Rangoun, a rapporté un témoin, et une photographie publiée par un média dans la ville de Mandalay semblait montrer un manifestant blessé à l'arrière d'une ambulance.
La Birmanie est en proie à d'importantes manifestations depuis la prise de pouvoir, le 1er février, de la junte militaire qui a placé en détention la dirigeante élue Aung San Suu Kyi ainsi que plusieurs membres de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).
Un représentant d'Aung San Suu Kyi, qui est assignée à résidence, s'est plaint de ne pas avoir pu la voir, trois jours avant son retour au tribunal, ajoutant que cela portait atteinte à son droit à un procès équitable.
A Rangoun, des centaines de manifestants, jeunes pour la plupart, se sont rassemblées pour une nouvelle manifestation vendredi.
Celle-ci s'est en grande partie dispersée lorsque la police est arrivée mais de petits groupes se sont rassemblés dans d'autres endroits de la ville pour scander des slogans et s'opposer à la police anti-émeutes.
Les forces de l'ordre ont fait usage de grenades assourdissantes et ont tiré en l'air pour les disperser.
"Des habitants d'une maison m'ont permis d'entrer pour me cacher", a déclaré le journaliste Thu Zar à Reuters depuis l'endroit où il se cachait. "Je ne peux pas encore partir car la police est très proche et tire en l'air."
Des témoins ont rapporté que plusieurs personnes avaient été arrêtées peu de temps avant, dont un journaliste japonais qui a été depuis libéré.
Les médias birmans et des témoins ont fait état d'une situation similaire à Mandaly où la police a aussi tiré des balles en caoutchouc.
Au moins trois manifestants et un policier ont trouvé la mort depuis le début des manifestations.
La junte militaire a promis d'organiser de nouvelles élections mais sans fixer de calendrier. Elle a instauré un état d'urgence pour une durée d'un an.
Le régime est de plus en plus isolé sur la scène internationale. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont adopté des sanctions ciblées contre des militaires et la Banque mondiale a annoncé jeudi qu'elle suspendait ses versements au pays.
(Bureau de Reuters; version française Camille Raynaud et Blandine Hénault, édité par Jean-Stéphane Brosse)