Reportage. Beyrouth : quand le soleil se lèvera, ma ville n’existera plus

La double explosion, mardi 4 août, au port de Beyrouth a fait une centaine de morts et des milliers de blessés. Une journaliste de L’Orient-Le Jour a sillonné la capitale libanaise dont des quartiers ont été entièrement soufflés.

Quand le soleil se lèvera, Beyrouth, ma ville, n’existera plus. Dans la nuit d’hier, des sirènes d’ambulance et le crissement des bris de verre étaient les seuls bruits qu’on entendait dans la ville.

Hier, assise à moto derrière un homme que je ne connaissais pas et qui était sorti pour aider ceux qui en ont besoin, je fermais les yeux pour les protéger des bris de glace. Ma ville n’existe plus.

Du centre-ville à Gemmayzé jusqu’à Mar Mikhaël en passant par Saïfi et le port, il n’y a plus que des squelettes d’immeubles en béton ou en acier, le reste a volé en éclats. En certains endroits, la structure en acier a fondu.

Une destruction digne d’un film de fiction. Plus rien.

Il ne reste plus rien de la ville que ses habitants, qui ont appris à survivre, ou vivoter, ou à être résilients.

Au début de la rue d’Arménie, dans une épicerie dont le mur s’est écroulé, un jeune homme distribue de l’eau fraîche, en disant aux passants un “hamdellah Al-salameh” [“Grâce à dieu, vous êtes sains et saufs”]. Sur un trottoir en face, Georgette, une octogénaire, attend sur une chaise en plastique que son neveu vienne la chercher pour qu’elle dorme à Sabtiyé.

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Tard dans la soirée d’hier, des personnes aux vêtements ensanglantés se rendaient encore dans des bâtiments branlants de Mar Mikhaël et Gemmayzé, des quartiers aux immeubles complètement soufflés où des pans de murs se sont écroulés sur le sol.

Dans la nuit d’hier, il était difficile de se déplacer à Gemmayzé et à Mar Mikhaël, les troncs d’arbre, les bris de verre, les fils électriques jonchent le sol. Dans ces quartiers, de nombreux bâtiments datant du XIXe siècle se sont complètement écroulés.

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