Biden salue une "prouesse diplomatique" après l'échange de prisonniers entre la Russie et les Occidentaux
Le président américain, Joe Biden, a salué une "prouesse diplomatique" après l'échange historique de prisonniers entre la Russie et plusieurs pays occidentaux ce jeudi 1er août.
La Russie et les Occidentaux ont échangé jeudi en Turquie 26 de leurs ressortissants, dont le journaliste américain Evan Gershkovich, dans le plus grand accord de libération de prisonniers depuis la fin de la Guerre froide. Outre le reporter du Wall Street Journal détenu depuis mars 2023 figure également l'ex-Marine Paul Whelan, emprisonné pour espionnage en Russie depuis fin 2018.
Les services de renseignement turcs ont "mené à Ankara l'opération d'échange de prisonniers la plus importante de ces derniers temps", a indiqué la présidence turque, précisant qu'elle concernait "26 personnes provenant des prisons de sept pays différents (États-Unis, Allemagne, Pologne, Slovénie, Norvège, Russie et Biélorussie)".
Biden salue les "décisions courageuses" de ses alliés
A Washington, le président Joe Biden a remercié les "décisions courageuses et audacieuses" prises par des alliés des États-Unis pour cet échange "historique", louant particulièrement le rôle de l'Allemagne et de la Turquie. Interrogé sur ses relations avec le président russe Vladimir Poutine au plus bas, Joe Biden a répondu qu'il n'avait "pas besoin de parler avec Poutine".
Il a également condamné les "procès spectacles" en Russie qui ont mené à l'emprisonnement des Américains libérés jeudi. "Les autorités russes les ont arrêtés, et condamnés lors de procès spectacles à de longues peines de prison sans aucune raison légitime", a déclaré le président américain. Les trois citoyens américains libérés ont pu parler au téléphone avec leurs familles, a-t-il précisé.
"Depuis la Guerre froide, il n'y a jamais eu un nombre aussi important de personnes échangées de cette manière", s'est félicité Jake Sullivan, conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche". "Et il n'y a jamais eu, à notre connaissance, d'échange impliquant autant de pays".
Jake Sullivan a lui aussi souligné le "soutien logistique essentiel" apporté par la Turquie. La Maison Blanche a aussi indiqué que Washington avait travaillé à inclure l'ex-ennemi numéro un du Kremlin, Alexeï Navalny, dans un accord, avant qu'il ne meure en février dans une prison de l'Arctique, dans des circonstances troubles.
Dix prisonniers transférés en Russie
"Dix prisonniers, dont deux mineurs, ont été transférés en Russie, treize en Allemagne et trois aux États-Unis", a précisé Ankara, qui a ensuite indiqué que les sept appareils impliqués dans l'opération avaient tous quitté son territoire.
Les services de sécurité russes (FSB) ont, eux, confirmé le retour de "huit citoyens russes" et "deux enfants mineurs". Le Kremlin a aussi annoncé que le président Vladimir Poutine avait gracié les treize personnes condamnées en Russie et libérées dans le cadre de l'accord avec les Occidentaux.
L'agent russe présumé Vadim Krassikov a été remis à la Russie, selon la présidence turque. Il était emprisonné en Allemagne pour l'assassinat d'un ex-commandant séparatiste tchétchène à Berlin.
Rico Krieger, un Allemand condamné au Bélarus pour "terrorisme" et "mercenariat", et l'opposant russe Ilia Iachine, condamné fin 2022 en Russie à huit ans et demi de prison pour avoir dénoncé des crimes imputés à Moscou en Ukraine, doivent, eux, rallier l'Allemagne.
Le gouvernement allemand a estimé que l'accord n'avait "pas été facile" mais s'imposait pour aider les personnes arbitrairement emprisonnées par Moscou et Minsk. Toutes les identités des personnes libérées n'ont pas été encore rendues publiques.
Premier échange depuis 2022
Selon Jake Sullivan le président Biden a accueilli jeudi à la Maison Blanche, alors que l'échange avec la Russie était en cours, les familles d'Evan Gershkovich, de Paul Whelan, de l'opposant russe Vladimir Kara-Mourza et d'Alsu Kurmasheva, journaliste russo-américaine de Radio Free Europe/Radio Liberty qui était détenue en Russie.
S'agissant des "deux mineurs", ils seraient les enfants d'un couple d'espions russes, Artem Viktorovich Dultsev et Anna Valerevna Dultseva, arrêtés fin 2022 en Slovénie, et qui avaient été placés en famille d'accueil, selon les médias slovènes.
Il s'agit du premier échange entre Moscou et les Occidentaux depuis la libération fin 2022 de la joueuse américaine de basket Brittney Griner, détenue en Russie pour une affaire de stupéfiants, contre celle du célèbre trafiquant d'armes russe Viktor Bout, emprisonné aux États-Unis.
Les États-Unis ont fait pression sur Moscou pour obtenir la libération d'Evan Gershkovich, condamné le 19 juillet en Russie à 16 ans de prison à l'issue d'un procès expéditif pour "espionnage", une accusation jamais étayée.
Le journaliste, sa famille, ses proches ainsi que la Maison Blanche n'ont eu de cesse de dénoncer une affaire montée de toutes pièces. "Nous sommes immensément soulagés d'apprendre que le calvaire d'Evan Gershkovich, qui a duré 16 mois, devrait enfin prendre fin", a réagi l'ONG Reporters sans frontières.
Deux collaboratrices d'Alexeï Navalny, Lilia Tchanycheva et Ksenia Fadeïeva, figurent également parmi les personnes libérées. Tout comme l'artiste Alexandra Skotchilenko, arrêtée en 2022 en Russie pour avoir remplacé des étiquettes de prix de supermarchés par des messages dénonçant l'offensive contre l'Ukraine, ou encore le jeune Russo-Allemand Kevin Lik. Vladislav Kliouchine, condamné aux États-Unis pour fraude, fait également partie des prisonniers libérés.