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Robert Badinter en 2019.  
Robert Badinter en 2019.

Couchées à l?encre turquoise, les phrases penchent vers la droite. Le texte est peu raturé, les lettres sont fines et soignées ; la marge à gauche est serrée, celle de droite, inexistante comme si les mots avaient été portés par un élan vigoureux. Sans doute le graphologue décèlerait-il dans ces lignes détermination, soulagement et émotion contenue. Sur le fond, l?exorde est sobre, mais renferme toute la mesure de l?importance du rendez-vous que l?auteur a, ce jour-là, avec l?Histoire : « J?ai l?honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l?Assemblée nationale de voter l?abolition de la peine de mort en France. »

Le discours, qui se déroule sur une dizaine de feuillets, devient plus fougueux au fur et à mesure qu?il se déploie : « Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n?y aura plus, pour notre honte commune, d?exécutions furtives, à l?aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées. »

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Le discours de Robert Badinter sur l'abolition de la peine de mort, le 17 septembre 1981. © DRC?est l?une des pièces les plus émouvantes de l?exposition Une passion pour la justice, que la Bibliothèque nationale de France (BNF) présente jusqu?au 12 décembre à Paris : le manuscrit du discours que Robert Badinter, alors garde des Sceaux fraîchement nommé par François [...] Lire la suite