La Biélorussie soupçonne des mercenaires russes d'avoir fomenté un complot

LA BIÉLORUSSIE SOUPÇONNE DES MERCENAIRES RUSSES D'AVOIR FOMENTÉ UN COMPLOT

MINSK (Reuters) - La Biélorussie soupçonne un groupe de mercenaires russes présumés d'avoir fomenté des "actes de terrorisme" à l'approche de l'élection présidentielle du mois d'août et a convoqué jeudi l'ambassadeur de Russie pour une explication.

Une enquête a été ouverte jeudi pour "préparation d'actes terroristes" et Minsk précise que certains de ces hommes, dont la capture a été annoncée mercredi, ont déjà avoué avoir tenté de renverser le pouvoir biélorusse.

La télévision publique a diffusé mercredi des images d'une trentaine de personnes soupçonnées d'être des mercenaires russes appréhendés près de Minsk et les médias publics ont rapporté qu'ils travaillaient pour Wagner, un des groupes privés russes de sécurité les plus connus.

Au total, selon les autorités biélorusses, ce sont plus de 200 combattants qui seraient entrés sur son territoire dans le but de déstabiliser le pays avant la présidentielle du 9 août.

Le secrétaire d'Etat du Conseil de sécurité biélorusse, Andrei Ravkov, a déclaré à la presse que les forces de l'ordre biélorusses étaient à la recherche de ces mercenaires.

Cet épisode risque de dégrader les relations déjà tendues entre la Biélorussie et son allié historique russe.

Le Kremlin a réagi jeudi à ces accusations en déclarant tout ignorer d'une quelconque activité illégale du groupe de mercenaires présumés.

Moscou réclame des explications exhaustives de la part de Minsk sur ces interpellations et attend de la Biélorussie qu'elle respecte pleinement les droits de ses ressortissants, a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe.

Un haut responsable de la sécurité biélorusse a déclaré que 14 de ces mercenaires russes présumés auraient passé du temps au Donbass, la région séparatiste de l'est de l'Ukraine, théâtre d'un conflit depuis 2014.

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a dit envisager l'extradition de ces suspects. La Biélorussie et l'Ukraine sont également convenus de renforcer les contrôles à leurs frontières respectives.

Au pouvoir depuis 26 ans, Alexandre Loukachenko brigue un nouveau mandat alors qu'il fait l'objet de critiques au sujet de sa gestion de l'épidémie de COVID-19, la situation économique du pays ou encore les atteintes aux droits de l'homme.

L'annonce d'un renforcement des mesures de sécurité autour des événements de campagne justifiée par ces arrestations alimente les craintes de l'opposition de voir le président profiter de ce complot présumé pour accentuer la répression.

Âgé de 65 ans, le président biélorusse a déjà accusé ses opposants d'être de mèche avec des soutiens étrangers pour le renverser et a fait emprisonner deux de ses principaux opposants à l'approche de la présidentielle, qu'il devrait remporter en dépit d'une contestation croissante.

(Andrei Makhovsky à Minsk et Maxim Rodionov à Moscou ; version française Myriam Rivet, édité par Jean-Stéphane Brosse)