La Biélorussie ferme ses frontières terrestres

LA BIÉLORUSSIE FERME SES FRONTIÈRES TERRESTRES

MOSCOU (Reuters) - Le gouvernement biélorusse a décidé de fermer ses frontières terrestres à tous ses ressortissants dans le cadre de mesures de lutte contre l'épidémie de coronavirus, transformant le pays, selon l'opposante Svetlana Tsikhanouskaïa, en un camp de prisonniers digne de l'ère stalinienne.

La Biélorussie est secouée par des manifestations de masse depuis la réélection controversée le 9 août dernier du président Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994 et accusé par ses opposants d'avoir manipulé le scrutin.

Le décret du gouvernement publié mercredi prévoit la mise en place dans dix jours de nouvelles mesures, incluant notamment l'interdiction à la population biélorusse de voyager à moins que le déplacement en question ne soit lié au travail ou aux études.

Les chauffeurs routiers internationaux et les diplomates seront toutefois exemptés des restrictions et les visiteurs étrangers seront toujours autorisés à entrer sur le territoire à condition de respecter une quarantaine de dix jours.

Le document ne précise pas la date de réouverture des frontières terrestres.

"(Loukachenko) ne se souciait pas du COVID-19 avant. Désormais, les Biélorusses réprimés ne peuvent ni fuir ni demander l'asile", a déclaré sur Twitter Svetlana Tsikhanouskaïa, cheffe de l'opposition biélorusse en exil.

"Le régime fait tout ce qu'il peut pour transformer notre pays en un goulag moderne - une immense prison, où règnent la peur et la violence", a-t-elle écrit séparément sur Telegram.

Fragilisée par l'instabilité politique et la répression brutale des manifestations, la Biélorussie est confrontée à un exode des cerveaux vers l'Ukraine et les pays baltes, qui courtisent les ressortissants biélorusses à l'aide de procédures d'immigration accélérées et d'allégements fiscaux.

Le Premier ministre Roman Golovchenko a déclaré ce mois-ci que les autorités biélorusses s'emploieraient à juguler la sortie d'entreprises et de jeunes talents.

(Alexander Marrow, avec la contribution de Tom Balmforth ; version française Juliette Portala, édité par Jean-Stéphane Brosse)