Beyrouth Planches de salut

Prisonniers, domestiques étrangers exploités, réfugiées syriennes… Du nord au sud du Liban, la comédienne Zeina Daccache monte des pièces de théâtre avec les laissés-pour-compte.

Zeina Daccache a les yeux rivés sur l’estrade, prête à bondir de sa chaise : «Aicha, hausse le ton, on ne t’entend pas !» Sa voix de stentor résonne depuis les escaliers dans la grande salle d’AltCity, un espace de coworking logé dans le quartier de Hamra, à Beyrouth. Les larges épaules de la comédienne libanaise de 36 ans se fondent au milieu d’une vingtaine de travailleurs africains. Ils viennent d’Ethiopie, du Soudan, du Cameroun, du Burkina Faso. Depuis dix mois, chaque dimanche, Zeina Daccache les réunit pour des ateliers de dramathérapie. La plupart sont des femmes travaillant comme domestiques et n’ont pas plus de 30 ans. Maquillées, parées de bracelets et de boucles d’oreilles, elles ont abandonné pour quelques heures leur austère uniforme couleur pastel. Mais le quotidien n’est jamais bien loin.

Ce matin-là, elles improvisent des rôles sur le thème du kafala, un système de parrainage spécifique au droit musulman - source de nombreux abus - qui lie les travailleurs immigrés à leurs employeurs. Sur scène, Aicha, travailleuse burkinabée, a pris de l’assurance dans le rôle de la patronne : «Tu ne peux pas appeler ta famille, ça me coûte trop cher. Tu téléphoneras dans un mois, arrête de gémir !» En face, Aminata implore, recroquevillée, dans un arabe teinté d’un fort accent : «Ma mère est très malade, elle est à l’hôpital, je dois lui parler, s’il vous plaît.» Aicha se met presque à hurler : «Tu es ici pour travailler, pas pour passer ta vie au téléphone !» «Freeze !» lance alors Nardi, une jeune Ethiopienne, qui grimpe sur l’estrade. La scène s’interrompt, les rôles s’inversent. Aicha parle maintenant d’une voix timide : «Madame, je voudrais sortir dimanche, je n’ai pas eu de congés depuis plusieurs semaines.» Nardi s’est glissée dans la peau de l’employeuse : «Sortir ? Si c’est pour (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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