Le "bestial" Ben Shelton se révèle à l'US Open
Roger Federer se trompe rarement. Actionnaire de la marque de vêtements "on", le retraité suisse a enrôlé dans son écurie Iga Swiatek et Ben Shelton. Le parcours du jeune américain à Flushing Meadows lui donne raison. La marque s’est adaptée à la personnalité du jeune américain en sortant un modèle sans manches et extrêmement moulant. Cela permet à la révélation de ce tournoi de montrer ses imposants biceps après ses victoires.
Mais mardi soir face à Frances Tiafoe, c’est un autre cérémonial qui a attiré l’œil. Comme estomaqué par sa qualification pour le dernier carré, Ben Shelton a mimé un coup de téléphone avec un combiné à l’ancienne. Il s’en est expliqué en conférence de presse.
Record de service
"C’était le téléphone de notre maison, de l'époque où j'étais enfant à Atlanta, a-t-il précisé. Si je voulais parler à mes amis ou les appeler pour savoir qui voulait sortir, c'est ce que je faisais. Pour moi, c'est comme si je composais le numéro de ce téléphone. Je suis très ami avec pas mal d’athlètes de l’Université de Floride qui habitaient comme moi Gainesville. Il y a notamment Grant Holloway, qui a remporté le championnat du monde du 110 mètres haies trois fois de suite, c'est un geste caractéristique pour lui. Puis d'autres athlètes de l'équipe ont commencé à le faire, c'est donc un petit clin d'œil qui me relie à mes amis d'enfance."
Garçon explosif d’1,93 m, Ben Shelton possède une vitesse de bras assez hallucinante. Il détient le record du service le plus rapide, avec deux "bombes" quasi consécutives à 239 km/h.
Brad Stine, le coach de Tommy Paul – éliminé en huitièmes de finale par Shelton – ne tarit pas d’éloges sur la mise en jeu du gaucher américain. "Son service est illisible, indique-t-il. Quand on regarde les statistiques, on ne peut rien en tirer. Il sert indifféremment à droite ou à gauche. Et sa puissance, vous avez vu ça? Le mec, on dit en anglais que c’est une 'beast'."
Une "bête" qui a abrégé son cursus universitaire l’été dernier après un tournoi de Cincinnati réussi. Son papa, Bryan Shelton, ancien pro – il fut 55e mondial en 1992 – accompagne désormais sa carrière.
Assuré d’intégrer le Top 20 lundi, il prend une option pour participer aux Jeux olympiques de Paris. Qu’il rêve de vivre avec sa petite amie, Anna Hall vice-championne du monde de l’heptathlon à Budapest. En attendant, il va faire le show face à Novak Djokovic, dont il est un peu l’antithèse. Autant le Serbe est méticuleux et tacticien, autant Shelton marche à l’instinct.
Témoin sa balle de set sauvée dans le tie-break du troisième set face à Tiafoe sur un retour de coup droit de mutant frappé les yeux fermés, ou presque. Il venait de commettre deux horribles double-fautes. Il avait besoin de se "lâcher"…
En tout cas, les Américains comptent sur lui pour mettre fin à vingt ans de disette. Titré en 2003, Andy Roddick surveille le phénomène qui pourrait être son successeur.