"Bernard Tapie, l’homme que j’ai connu"

Hervé Gattegno, directeur de la rédaction de Paris Match, évoque le souvenir de Bernard Tapie, qu'il a rencontré pour la première fois en 1988.

Nos derniers échanges ont été des SMS, qu’il ornait d’émoticônes – tête auréolée, mains jointes en forme de prière. Mi-septembre, il m’écrivait encore : « Je vais y arriver ! » Le lendemain, il me proposait de donner « une interview politique » au « Journal du dimanche ». Je n’arrivais pas à croire qu’il y croyait. Il n’en avait plus la force mais il faisait comme si. Ainsi était Tapie. Plus que les évidences, plus que la logique, c’est sa volonté qui comptait. Il pensait toujours que le réel se plierait à ses désirs, puisque, tant de fois, cela s’était produit. « J’ai eu une vie tellement géniale et, de toute façon, je devrais être mort depuis longtemps. Alors qu’est-ce que je risque ? » m’avait-il murmuré avant l’été, avec le minuscule filet de voix qui lui restait.

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L’ultime objectif que s’était fixé cet homme dont l’existence ressemble à une série ininterrompue de combats, de matchs, de courses et de défis, était de « tenir jusqu’au 6 ». Il voulait dire le 6 octobre, date à laquelle la cour d’appel de Paris devait rendre sa décision dans la fameuse affaire de l’arbitrage sur la vente d’Adidas. En 2019, le premier procès avait déjoué les pronostics : le tribunal avait balayé l’accusation d’escroquerie ; Tapie était sorti vainqueur, ému aux larmes. Deux ans après, personne auprès de lui ne pensait que la justice l’épargnerait une seconde fois. Les audiences avaient été rudes, les procureurs vindicatifs, et lui n’était pas là pour se défendre. Le cancer prenait le dessus. S’il survivait jusque-là, n’allait-il pas finir sa vie sur une condamnation ? « Impossible, jurait-il. On ne peut pas inventer des preuves de ce qui n’existe pas ! » Sa défaite face à la maladie a(...)


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